L'administration Obama va étendre le paiement des heures supplémentaires à quelque 4,2 millions de salariés supplémentaires aux États-Unis, dans un contexte de stagnation des salaires et en dépit de réserves du patronat.

«Ce revenu supplémentaire ne sera pas seulement synonyme d'une vie meilleure pour les familles américaines (...), mais dopera tous les secteurs de notre économie», a affirmé la Maison-Blanche en présentant cette règle finalisée mercredi.

À partir du 1er décembre, les salariés qui gagnent jusqu'à 47 476 $ par an (61 377 $ CAN) devront être payés en heures supplémentaires quand ils travaillent plus de 40 heures par semaine, alors que cette possibilité n'était auparavant offerte qu'à ceux percevant jusqu'à 23 660 $ (30 588 $ CAN).

Ce seuil sera par ailleurs réactualisé automatiquement tous les trois ans.

Cette nouvelle régulation débouchera sur une augmentation globale de 1,2 milliard de dollars (1,55 milliard de dollars CAN) par an pour les salariés mensualisés, selon l'exécutif américain, et permettra d'éviter que des employés travaillent «gratuitement», a assuré mercredi le secrétaire au Travail Thomas Perez.

En pleine campagne présidentielle, la Maison-Blanche affirme essayer de compenser la très faible progression des salaires au cours des récentes décennies après avoir échoué à augmenter le salaire minimum fédéral en raison de l'opposition du Congrès.

Selon la Maison-Blanche, le nombre de salariés américains bénéficiant des heures supplémentaires a par ailleurs récemment fondu en raison de restrictions: ils étaient 62 % à en profiter en 1975 et ne sont plus actuellement que 7 %.

«Cette mesure pour rétablir le paiement des heures supplémentaires illustre une des nombreuses voies pour changer les règles de notre économie qui est manipulée au profit de Wall Street», a réagi le syndicat américain AFL-CIO qui affirme représenter 12,5 millions de salariés.

Cette nouvelle règlementation a toutefois fait grincer quelques dents dans les milieux patronaux, estimant que les employeurs pourraient être tentés de réduire le nombre d'heures travaillées et, au final, la rémunération des salariés.

«Avec le risque potentiel d'une baisse des heures de travail et d'une perte des bénéfices liés au travail à temps plein, notamment les bonus et d'autres modes de rémunération, les familles seront plongées dans l'incertitude», affirme la Fédération nationale des détaillants (NRF) sur son site internet.

Selon le puissant lobby patronal de l'US Chamber of Commerce, cette nouvelle règle fera peser un «regrettable fardeau» sur les employeurs au moment où ils tentent de soutenir une économie «morose».

«Les petites entreprises, les organisations à but non lucratif et les employeurs du secteur public seront les plus durement touchés et auront le plus de difficultés à trouver le surcroît de revenus nécessaire pour couvrir la hausse du coût du travail», a affirmé l'organisation.