L'archevêché de Baltimore, dans le Maryland, a publié 14 nouveaux noms de prêtres ou membres du clergé catholique américain soupçonnés de pédophilie, un geste rare salué par les victimes qui dénoncent régulièrement le silence de l'institution sur ces scandales.

Cette liste a été publiée discrètement en janvier et relevée mardi par le journal local The Baltimore Sun.

L'archevêché recense 57 noms déjà rendus publics en 2002, à la suite des révélations du quotidien Boston Globe sur ces agressions contre des enfants par des membres de l'Église catholique, auxquels il ajoute 14 nouveaux noms d'agresseurs présumés.

«La première motivation (...) est d'encourager une éventuelle victime de cet individu à se manifester», a expliqué le porte-parole de l'archevêché, Sean Caine, au Washington Post.

«Les victimes nous disent qu'un des principaux obstacles est le sentiment qu'elles se sentent seules. Elles pensent être les seules. Et qu'on ne va pas les croire», a-t-il ajouté.

Selon un groupe de soutien aux victimes, 31 diocèses américains sur 178 ont publié une liste similaire d'agresseurs présumés. Celle de l'archevêché de Baltimore concerne au moins 94 paroisses.

Le réseau américain SNAP des personnes agressées sexuellement par des prêtres s'est dit «heureux» de la publication de cette liste mais «souhaite que chaque paroisse fasse de même sur son site internet».

Sa responsable Barbara Dorris craint cependant que la liste soit incomplète et qu'elle soit un moyen d'empêcher une réforme de la prescription.

Les victimes, qui souvent ne peuvent pas poursuivre leurs agresseurs au pénal quand les faits sont trop anciens et frappés par la prescription, réclament de revoir ce délai.

«Nous soupçonnons l'archevêque William Lori d'utiliser cette liste pour essayer de faire pression sur les élus qui veulent réformer la prescription, une règle archaïque et favorable aux prédateurs, en disant «il n'y a plus besoin d'exposer les pédophiles devant les tribunaux parce que nous en donnons la liste nous-mêmes»», affirme Mme Doris dans un communiqué.

La Spotlight Team du Boston Globe, la cellule d'investigation qui a révélé en 2002 ces scandales de pédophilie, a rapporté ce week-end que des abus sexuels avaient aussi eu lieu, durant des décennies, dans plusieurs dizaines d'écoles privées du nord-est des États-Unis. Dont les responsables ont parfois tardé à réagir voire ignoré les accusations des plus de 200 victimes présumées.

À partir de l'enquête de Spotlight de 2002, qui a inspiré un film éponyme sacré cette année aux Oscars, les révélations sur des abus commis par des prêtres se sont succédées aux États-Unis et ailleurs, en particulier en Irlande.