Porto Rico pourrait avoir des centaines de milliers de personnes contaminées par le virus Zika d'ici la fin de l'année, dont de nombreuses femmes enceintes, craignent les autorités sanitaires américaines également inquiètes d'effets néfastes sur le foetus plus fréquents qu'estimé initialement.

« Je suis très inquiet : avant la fin de l'année on pourrait voir des centaines de milliers de cas d'infection par le Zika, dont des milliers de femmes enceintes », a déclaré jeudi le directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le Dr Tom Frieden, de retour d'une tournée dans ce territoire américain de 3,5 millions d'habitants.

La situation économique à Porto Rico est déjà très mauvaise et ce territoire croule sous une dette de plus de 70 milliards de dollars.

« Nous avons besoin d'une action urgente pour minimiser le risque de cette infection pour les femmes enceintes », a insisté M. Frieden, jugeant « pressante une aide financière du Congrès » américain.

Le président Barack Omaba a requis une enveloppe d'urgence de 1,8 milliard de dollars le mois dernier mais jusqu'à présent le Congrès a refusé de débloquer ces fonds. Les sénateurs font valoir qu'il reste 2,7 milliards de dollars octroyés pour lutter contre Ebola qui n'ont pas été utilisés et qui pourraient être réatrribués pour le Zika.

« Plus nous en savons sur les effets du virus Zika durant la grossesse, plus je suis inquiet », a encore dit le patron des CDC lors d'une téléconférence de presse. « Jamais auparavant nous n'avons connu une infection transmise par des moustiques qui provoque des défauts de naissance à une aussi grande échelle ».

Le Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), a pour sa part estimé que les effets néfastes du Zika sur le foetus pourraient être encore plus importants qu'on ne le pensait. Et de nombreux bébés pourraient être touchés par des symptômes qu'on ne découvrira qu'après leur naissance.

Il a cité une étude jugée « troublante » publiée récemment dans la revue médicale New England Journal of Medicine (NEJM) montrant que 29 % des foetus portés par des femmes infectées ont des anomalies détectables par le biais de certains examens, comme un sonogramme.

Le Dr Fauci a aussi mentionné des travaux suggérant que le Zika peut affecter la croissance du foetus au-delà du premier trimestre de la grossesse si les femmes sont infectées plus tardivement.

Le Zika est très fortement soupçonné de provoquer des microcéphalies, une malformation grave et irréversible qui se caractérise par une taille anormalement petite du crâne et du cerveau des nouveau-nés. Le nombre de cas a explosé au Brésil où l'épidémie de Zika fait rage depuis plusieurs mois.

Concernant les études sur d'éventuels vaccins, le Dr Fauci a répété qu'un essai clinique de phase 1, pour tester l'innocuité et l'efficacité, démarrera d'ici la fin de l'été ou le début de l'automne.

Il s'agit d'un vaccin fabriqué avec un morceau d'ADN du virus inspiré d'un autre déjà développé contre le virus du Nil occidental, qui est de la même famille.

Mais dans le meilleur des cas, ce vaccin ne sera pas prêt avant la fin 2017.

En dehors du foetus, le Zika, généralement transmis par la piqûre d'un moustique, ne présente a priori pas de danger, provoquant seulement des symptômes de rhume ou de légère grippe.

Le virus peut aussi se transmettre par voie sexuelle.