On en oublierait presque que 12 républicains sont candidats aux primaires pour la Maison-Blanche: dans l'Iowa, qui votera le 1er février, la compétition est dominée par l'affrontement entre Donald Trump et Ted Cruz, deux hommes très contestés dans leur propre parti.

Les deux candidats ont passé la journée dans le petit État rural du Midwest à échanger des amabilités, une tension qui reflète le resserrement des sondages entre eux.

«Tous les jours, je regarde sur mon téléphone quelle insulte il a proférée à mon encontre. Je n'ai pas répondu sur le même plan, et je n'en ai pas l'intention», a dit le sénateur du Texas, 45 ans, à une centaine de républicains dans un restaurant de la bourgade de Dike, l'une des dizaines d'étapes de la campagne de l'ultra-conservateur dans l'État, où des hordes de journalistes du monde entier ont commencé à converger ce week-end.

La stratégie de Ted Cruz est entièrement construite sur l'électorat protestant évangélique de l'Iowa, qui représentait six électeurs sur dix il y a quatre ans. Son argument: il a toute sa carrière défendu des causes conservatrices (liberté de religion, droit de port d'armes, lutte contre l'avortement). Des sujets sur lesquels Donald Trump, homme d'affaires new-yorkais, a viré à droite pour cette campagne.

Ses partisans veulent consolider le vote conservateur en persuadant les électeurs de ne pas gaspiller leurs voix pour le sénateur de Floride Marco Rubio ou le docteur Ben Carson, qui les suivent dans les intentions de vote.

Lors d'un long meeting samedi à Waterloo devant des milliers de personnes, dont de nombreux conservateurs religieux, le sénateur Cruz a reçu le soutien de l'animateur de télévision conservateur Glenn Beck, qui a livré une vision apocalyptique de l'avenir de l'Amérique en cas d'élection d'un républicain trop modéré ou d'un faux conservateur.

«Beaucoup d'entre vous sont en colère. Mais on ne prend jamais de bonne décision quand on est colère», a dit l'animateur - une dénonciation de l'homme d'affaires.

«Glenn est un loser», a répliqué Donald Trump.

Alors qu'il avait rejoint Ted Cruz en septembre dernier lors d'un rassemblement à Washington contre l'accord nucléaire avec l'Iran, le magnat de l'immobilier attaque frontalement le sénateur en répétant qu'il pourrait être inéligible à la présidence, en raison de sa naissance au Canada, ce que conteste Ted Cruz, soutenu par des experts constitutionnels.

«Ted a beaucoup de problèmes. Numéro un: le Canada, il pourrait se présenter pour être premier ministre du Canada», a dit Donald Trump à Sioux Center.

Se félicitant de la loyauté supposée de ses partisans, il a aussi fait cette étonnante prédiction : «Je pourrais tirer sur quelqu'un au milieu de la Cinquième avenue et ça ne me ferait pas perdre un seul vote».

Divisions républicaines

Le dernier sondage, réalisé pour CNN auprès des républicains ayant l'intention de participer au vote de l'Iowa, donne 37% des voix au milliardaire contre 26% à Ted Cruz, suivi de Marco Rubio (14%), avec une marge d'erreur de 6 points.

Le journal local Des Moines Register a fait le choix de l'establishment, en appelant samedi à voter Hillary Clinton aux caucus démocrates, et Marco Rubio chez les républicains.

Mais le vote évangélique sera une nouvelle fois crucial le soir du 1er février, comme en 2012 et 2008.

«Il est difficile pour tout républicain de gagner dans l'Iowa sans être au moins un peu soutenu par ce groupe», explique à l'AFP Dennis Goldford, politologue à l'Université Drake à Des Moines. «Ted Cruz essaie de prouver qu'il peut gagner uniquement avec leur soutien».

Le reste du parti républicain assiste dans la division à une course dominée par deux figures de l'anti-establishment, où les modérés comme Jeb Bush sont relégués à quelques point dans les sondages.

Cette semaine, l'illustre revue conservatrice National Review a publié un dossier spécial «contre Trump». Mais une partie des républicains traditionnels ne voit plus Donald Trump comme un pestiféré. Ils semblent croire qu'une victoire à la présidentielle de novembre serait plus probable avec lui qu'avec l'ultra-conservateur Cruz.

Signe du dégel, le sénateur républicain de l'Iowa Chuck Grassley, très respecté, a participé à un meeting de Trump samedi, à Pella. «Je suis là pour battre Hillary!», a-t-il simplement justifié.