L'Irano-Américain Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran libéré samedi après avoir passé 543 jours derrière les barreaux, a dit se sentir «beaucoup mieux», ont rapporté des responsables du quotidien dimanche.

«Jason avait un bon moral», se sont réjouis Martin Baron et Douglas Jehl, respectivement directeur de l'information et chef du service étranger du journal américain, dans une note interne envoyée après une brève conversation téléphonique avec M. Rezaian.

«Quand on lui a demandé comment il allait, il a répondu: "Ca va beaucoup mieux qu'il y a 48 heures"», ont-ils ajouté.

Jason Rezaian, 39 ans, a été libéré samedi dans le cadre d'un échange de prisonniers entre les États-Unis et l'Iran, annoncé peu avant l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire historique entre Téhéran et les grandes puissances.

Quatre Irano-américains ont été libérés par l'Iran tandis que les États-Unis ont en échange «accordé leur clémence» à sept Iraniens. Téhéran a également relâché un cinquième Américain en signe de «bonne volonté».

Trois des quatre ex-prisonniers, dont M. Rezaian, ont quitté l'Iran et sont arrivés dimanche en Allemagne, où ils devaient rejoindre une base américaine afin d'effectuer une visite médicale.

La famille du journaliste a affirmé que sa santé s'était beaucoup détériorée en prison, précisant qu'il avait perdu du poids et souffrait d'hypertension. Ses proches ont indiqué qu'il avait été tenu des mois à l'isolement sans même avoir accès à un avocat.

Le Washington Post a lui aussi soutenu qu'il avait été soumis à de mauvais traitements physiques et psychologiques avant d'être jugé et condamné lors d'un procès que le journal a qualifié de parodie de justice.

«Le plus difficile a été l'isolement, comme vous vous en doutez», ont souligné ses supérieurs hiérarchiques dans la note interne.

«Il a trouvé une échappatoire dans les oeuvres de fiction qu'il a été autorisé à lire, et, aujourd'hui, il a lu avec avidité tout ce qui lui plaisait (...), relevant combien il était étrange qu'on parle de lui à ce point», ont-ils poursuivi.

«Nous lui avons dit que nous parlions de lui depuis 545 jours», ont-ils ajouté.

Selon eux, M. Rezaian espérait pouvoir se rendre dès lundi à Washington et remercier en personne ses collègues pour leur «soutien indéfectible».

Il avait été arrêté en juillet 2014 à son domicile de Téhéran où il travaillait comme correspondant du quotidien américain depuis deux ans. Il a été condamné le 11 octobre 2015 à une peine de prison dont la durée n'a jamais été annoncée.

Il avait été pour «espionnage» et «collaboration avec des gouvernements hostiles», faits pour lesquels il encourait jusqu'à 20 ans de prison.