Porté par les sondages qui le placent en tête de la course à l'investiture républicaine, Donald Trump a visité hier un État où ses rivaux n'osent pas s'aventurer. Au Vermont, l'homme d'affaires aux propos incendiaires était attendu de pied ferme par des milliers de supporteurs... et de détracteurs.

Ces derniers ont rivalisé d'originalité pour donner du fil à retordre à l'aspirant président. La Presse était sur place. Récit en images d'une journée mouvementée dans la ville généralement paisible de Burlington.

Dès 4 h 30 hier matin, des admirateurs de Donald Trump se sont mis en file au centre de Burlington pour entendre parler le multimilliardaire aux grandes ambitions, dont l'apparition était prévue à 19 h. Martin Deslauriers, qui détient la double citoyenneté canadienne et américaine, était parmi les premiers à faire la queue avec ses amis. «Trump a de bonnes chances de devenir président des États-Unis. Je l'aime parce qu'il est direct et qu'il n'est la marionnette de personne», lance le jeune homme de 24 ans, qui a fait le voyage de Plattsburgh.

Longue attente

Même si le centre Flynn de Burlington ne contient que 1400 places, le camp Trump a distribué 20 000 billets gratuits en ligne pour l'événement. S'attendant au pire, la police de Burlington a publié un communiqué de presse annonçant que tous ceux qui se présenteraient après que toutes les places du théâtre seraient occupées seraient renvoyés chez eux. Résultat : ceux qui voulaient voir Donald Trump se sont pointés tôt et ont attendu longtemps pour voir le candidat à l'investiture républicaine. La file s'étendait sur plusieurs centaines de mètres.

Des Montréalais ont fait le voyage jusqu'à Burlington pour voir la coqueluche des médias américains. C'est le cas de ce partisan du Canadien. Dans la file, La Presse a aussi rencontré Patrick Kabrita et Jonathan Larue. «On n'a pas de show comme Trump chez nous », a dit Patrick Kabrita. Même s'il déclare aimer plusieurs idées de Donald Trump, Jonathan Larue croit que certaines de ses positions ne sont pas réalistes. «Trump sait très bien qu'il ne peut pas fermer les frontières aux musulmans. C'est une idée populiste», croit le Québécois.

Le côté obscur de la force

Les Vermontois se sont présentés pour trois raisons hier au rallye de Donald Trump: soutenir le candidat, dénoncer celui-ci ou jouir du spectacle. Et ce spectacle était tout autant dans la rue que sur la scène du centre Flynn. Ce sosie de Trump se faisait prendre en photo avec les passants. Un Darth Vader blagueur affirmait que le côté obscur de la Force est du côté du politicien.

Les gens entraient encore dans le centre Flynn quand Donald Trump est monté sur scène, vers 19 h 30, sans grande cérémonie. Après s'être moqué de tous ses rivaux à l'investiture républicaine et du président Obama - « nous sommes menés par des gens stupides » -, l'homme d'affaires de Queens a abordé un de ses sujets préférés : l'immigration clandestine en provenance du Mexique. « Nous allons réparer ce pays. Nous allons construire un mur », a-t-il clamé devant les 1400 personnes qui s'étaient frayé un chemin dans l'auditorium. « Qui va payer pour le mur ? », a-t-il demandé. Des centaines de personnes ont répondu à l'unisson : « Le Mexique ! » Ravi, le politicien en a rajouté. « Je vais vous dire qui ne paiera pas pour ce mur, et ce sont les gens du Vermont. »

Si des centaines de personnes buvaient les paroles de Donald Trump, hier, des dizaines d'autres avaient attendu de longues heures pour entrer dans le centre Flynn afin de manifester leur colère. Une dizaine de fois pendant son discours, l'aspirant à la présidence américaine a été interrompu par des protestataires. « Tu es un porteur de haine, Trump », ont notamment crié deux jeunes femmes. « Sortez-les d'ici et gardez leurs manteaux. Il fait froid dehors. On leur rendra dans quelques jours », a dit Donald Trump aux gardes de sécurité, mi-sérieux. Reconduits à la porte par les gardiens, plusieurs manifestants éconduits, dont cette dame qui portait une affiche appuyant les réfugiés, levaient les bras au ciel en sortant du théâtre, acclamés par les protestataires postés de l'autre côté de la rue.