Le soldat américain Bowe Bergdahl, prisonnier des talibans pendant cinq ans, a commencé à comparaître mardi pour désertion devant la justice militaire de son pays, mais il n'a pas voulu dire s'il plaiderait coupable des charges qui pèsent contre lui.

Un an et demi après son échange controversé contre cinq détenus de Guantánamo, Bowe Bergdahl a comparu mardi en uniforme bleu marine de l'Armée de Terre pour une première et courte audience de procédure sur la base militaire de Fort Bragg, en Caroline du Nord.

Il est accusé de «désertion» et «mauvaise conduite face à l'ennemi» pour avoir abandonné sa base en Afghanistan, le 30 juin 2009, avant sa capture par les talibans.

La prochaine audience a été fixée au 12 janvier, toujours à Fort Bragg.

Bergdahl encourt jusqu'à cinq ans de prison pour la désertion, et jusqu'à la perpétuité pour la mauvaise conduite face à l'ennemi.

Le sujet de sa libération le 31 mai 2014 est extrêmement sensible pour l'administration de Barack Obama, accusée par les conservateurs d'avoir fait une concession trop grande en acceptant de libérer cinq cadres talibans pour l'obtenir.

Le candidat à l'investiture républicaine pour la Maison-Blanche Donald Trump a qualifié le soldat de «sale traître pourri» et assuré qu'il méritait d'être exécuté.

Le soldat américain va devoir expliquer à la cour martiale pourquoi il avait quitté seul, subrepticement, sa base près de la frontière pakistanaise, avant d'être capturé par les talibans.

Dans une émission de radio en podcast diffusée ce mois-ci, «Serial», il a donné des explications rocambolesques, expliquant avoir quitté sa base parce qu'il voulait suivre les pas de Jason Bourne, célèbre agent secret fictif de la CIA joué par Matt Damon au cinéma.

«J'avais cette idée fantastique que j'allais prouver au monde que j'assurais, que je pouvais être ce que tous les mecs qui vont au cinéma et voient ces films veulent être», a-t-il dit.

Son projet était de rejoindre une autre base pour alerter la hiérarchie militaire américaine sur le mauvais encadrement de son unité. Avant de se perdre et d'être intercepté par les talibans.

Mais plusieurs membres de son unité l'ont accusé d'avoir déserté. L'un de ses anciens co-chambreurs, Cody Full, avait expliqué en juin 2014 devant une commission de la Chambre des représentants que Bergdahl «ne comprenait pas pourquoi il faisait des missions humanitaires au lieu de traquer des talibans».

Beaucoup des anciens compagnons d'armes de Bergdahl lui reprochent aujourd'hui d'avoir mis leur vie en danger lors des longues et épuisantes opérations de recherche qui avaient suivi sa disparition.

Poste administratif

Bowe Bergdahl a été le seul Américain en uniforme à être capturé par des rebelles lors de la guerre en Afghanistan. Il a été détenu par des membres du réseau Haqqani, un groupe extrémiste lié aux talibans, et historiquement parrainé par le Pakistan.

Le groupe a été accusé d'être derrière des attaques parmi les plus meurtrières dans les grandes villes afghanes ces dernières années.

Bowe Bergdahl a continué après sa libération à travailler pour l'armée, occupant un poste administratif au Texas en attendant la décision de la justice.

L'administration américaine a expliqué qu'elle avait décidé de procéder à l'échange de Bergdahl en raison d'informations alarmantes sur l'état de santé du soldat américain.

«Nous avons pris la bonne décision et l'avons prise pour les bonnes raisons: ramener à la maison l'un des nôtres», avait expliqué en juin 2014 le secrétaire à la Défense d'alors, Chuck Hagel.

Les cinq cadres talibans libérés de Guantánamo, tous de nationalité afghane, avaient été pris en charge par le Qatar qui s'était engagé à les surveiller.