Un juge conservateur de la Cour suprême des États-Unis a suscité mercredi un vif émoi lors d'une audience phare consacrée à la discrimination positive, en évoquant des cursus éducatifs «plus lents» susceptibles d'être mieux adaptés aux Afro-Américains.

Le juge Antonin Scalia n'a pas clairement repris à son compte cette idée discutable, mais l'a citée lors d'un débat consacré au bien-fondé de la politique de l'Université du Texas, qui dans certains cas considère la couleur de la peau d'un candidat comme un «petit plus» favorisant son admission.

«Il y a des gens qui disent que cela ne profite pas aux Noirs, de les faire entrer ainsi à l'Université du Texas, où ils se retrouvent en difficulté, contrairement à une école moins avancée, une école au rythme plus lent où ils réussissent», a dit M. Scalia.

Il a ainsi sous-entendu que le «coup de pouce» qu'offre à certains étudiants afro-américains la discrimination positive se révélait finalement contre-productif, l'étudiant n'étant pas au niveau pour suivre des cours «qui vont trop vite pour eux».

«Dans ce pays la plupart des scientifiques noirs ne sortent pas d'écoles comme l'Université du Texas», a poursuivi Antonin Scalia, considéré comme l'un des deux juges les plus conservateurs de la cour actuelle avec Clarence Thomas.

Nommé à la plus haute instance judiciaire américaine par le président Ronald Reagan dans les années 1980, M. Scalia est partisan d'une interprétation littérale de la Constitution.

Convaincu de la constitutionnalité de la peine de mort et défenseur de la détention d'armes individuelles, ce catholique traditionaliste est ouvertement opposé à l'avortement, à l'union homosexuelle et à la discrimination positive.