Le président américain Barack Obama a dénoncé mercredi «l'hystérie» qui règne aux États-Unis au sujet des risques pour la sécurité que poseraient les réfugiés syriens, accusant l'opposition d'avoir peur des «veuves» et des «orphelins».

En marge d'un sommet économique à Manille, le président a eu des mots très durs à l'égard de l'opposition alors que les républicains du Congrès américain viennent d'annoncer leur intention de suspendre temporairement l'accueil de réfugiés syriens aux États-Unis, brandissant la découverte d'un passeport syrien -à l'authenticité douteuse- près d'un kamikaze à Paris.

Les appels à traiter de manière différente les chrétiens et les autres sont «choquants et contraires aux valeurs américaines», a lancé le président américain, estimant que ce débat à visée électorale faisait le jeu du groupe État islamique (EI).

«Je ne peux pas imaginer d'outil de recrutement plus puissant (pour l'EI) qu'une partie de la rhétorique qui émerge au cours de ce débat».

«Mieux vaut prévenir que guérir», avait expliqué le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, après trois jours d'escalade politique aux États-Unis. Plus de la moitié des gouverneurs des États fédérés et la plupart des candidats républicains à la Maison Blanche se sont dits opposés à l'accueil de réfugiés syriens.

Paris a été frappé vendredi par les attentats les plus meurtriers de son histoire, attaques qui ont été revendiquées par l'EI.

Certains membres de l'opposition aux États-Unis «jouent sur la peur pour marquer des points politiques ou pour faire avancer leur campagne et c'est irresponsable. Cela doit s'arrêter car c'est irresponsable», a martelé le président américain.

«Cela ne nous sert pas de nous laisser aller à la peur et à la panique en réponse à une attaque terroriste», a-t-il poursuivi. «Nous ne prenons pas de bonnes décisions si elles sont fondées sur l'hystérie ou l'exagération des risques».

«Apparemment, ils ont peur des veuves et des orphelins qui arrivent aux États-Unis», a-t-il lancé.

La Maison Blanche a indiqué pour sa part avoir pressé les gouverneurs de 34 États d'éviter toute mesure qui bloquerait les arrivées de réfugiés.

Les autorités «ont informé les gouverneurs des processus de contrôle et de dépistage extrêmement rigoureux» en vigueur pour sélectionner les migrants et qui durent près de 90 minutes, a souligné la Maison-Blanche.

«Aux termes de la loi actuelle, il faut en moyenne entre 18 et 24 mois pour autoriser un réfugié à venir aux États-Unis», a déclaré M. Obama. «Ils sont soumis au processus le plus rigoureux qui soit. Les services de renseignement les approuvent pleinement».