Conservant toujours une longueur d'avance dans la lutte antitabac, les États-Unis ont annoncé jeudi leur intention d'interdire la cigarette dans tous les HLM du pays, que cela plaise ou non aux locataires pourtant chez eux.

La mesure a été dévoilée par le charismatique secrétaire au Logement et au Développement urbain Julian Castro, un ex-élu du Texas présenté comme l'équivalent hispanique d'un jeune Barack Obama.

«Nous avons la responsabilité de protéger les habitants des logements du parc public des conséquences nocives de la tabagie passive», a déclaré cette étoile montante du parti démocrate.

«Ce projet de règlementation aidera à améliorer la santé de plus de 760 000 enfants et permettra aux agences de l'habitat social d'économiser annuellement 153 millions de dollars en couverture santé, maintenance et incendies évitables», a-t-il justifié.

La mesure risque toutefois de faire grincer les dents de milliers d'Américains, à la fois fumeurs et occupants d'un logement HLM, qui considéreront probablement que cette règle empiète sur leur sacro-sainte liberté individuelle.

La mise en application du règlement représentera aussi un fardeau supplémentaire pour des agences HLM américaines déjà surchargées.

Pour le Conseil des agences de logement social de grande taille (Council of Large Public Housing Authorities, CLPHA), une organisation à but non lucratif qui oeuvre à l'amélioration du logement social aux États-Unis, la mesure ne pourra fonctionner que si le gouvernement «fournit l'appui nécessaire en terme de clarté des règles, de formation et d'assistance technique».

«En raison du sous-investissement chronique, les agences d'habitat social sont dans l'impossibilité de financer pour 26 milliards de dollars de réparations et de modernisations», a indiqué à l'AFP le CLPHA.

«Beaucoup de ces améliorations auraient des conséquences positives sur le bien-être des personnes en logement social, au moins autant si ce n'est plus que les mesures antitabac», a-t-il ajouté.

Concrètement, le texte prévoit que les cigarettes, les pipes et les cigares seront bannis de tous les locaux d'habitation, de tous les bureaux administratifs, de toutes les parties intérieures communes et enfin des zones extérieures dans un rayon de huit mètres.

Le ministère américain du logement et du développement urbain incite depuis 2009 les agences d'HLM à instaurer sur la base du volontariat des résidences sans tabac.

Plus de 228 000 appartements sont ainsi déjà non fumeurs. Les nouvelles règles ajouteront à ce nombre 940 000 appartements.

Cette interdiction s'inscrira dans l'arsenal de lois antitabac très restrictives en vigueur aux États-Unis, l'un des pays les plus fréquemment cités en exemple dans ce domaine.

La répression de la cigarette a porté ses fruits au fil des années et désormais seuls 15% des adultes fument en Amérique, la plus faible proportion depuis des décennies.

Plus de quatre Américains sur dix (42%) fumaient en 1965, d'après le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Dans les villes américaines, de plus en plus de résidences et de syndics d'immeubles, notamment de haut standing, bannissent totalement le tabac. Il est également interdit de fumer aux États-Unis dans certains parcs et jardins publics, voire sur des plages au bord de la mer.

Le tabagisme reste cependant la première cause évitable de décès aux États-Unis, provoquant la mort de quelque 480 000 personnes chaque année, selon les autorités sanitaires américaines.