Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou rencontre lundi à Washington le président américain Barack Obama pour tourner la page de l'accord sur le nucléaire iranien et parler de défense, en laissant de côté leurs relations tendues.

Avant son départ d'Israël dimanche, M. Nétanyahou a affirmé qu'il discuterait avec M. Obama de l'aide militaire américaine à son pays et évoquerait aussi « un progrès possible avec les Palestiniens, ou au moins une stabilisation de la situation avec eux ».

Cette rencontre intervient en effet au moment où Benyamin Nétanyahou subit de fortes pressions pour mettre fin à l'actuel cycle de violences meurtrières qui fait redouter une nouvelle intifada et relancer un processus de paix israélo-palestinien moribond. Dimanche, six Israéliens ont été blessés en Cisjordanie occupée dans trois nouvelles attaques menées par des Palestiniens.

Les deux hommes ne se sont pas vus depuis octobre 2014 et leurs divergences n'ont fait que se creuser après l'accord nucléaire de juillet entre les grandes puissances et Téhéran, défendu par l'Américain et pourfendu par l'Israélien.

D'autant que quatre mois auparavant, M. Nétanyahou, chef de file de la droite israélienne, était venu courtiser les républicains, adversaires politiques de M. Obama, lors d'un discours devant le Congrès au grand dam de la Maison-Blanche.

Selon des experts, les deux dirigeants entendent toutefois réaffirmer la solidité des liens unissant leurs deux pays, alliés indéfectibles depuis la création de l'État d'Israël.

« Ils ne vont pas tomber amoureux », convient Zvi Rafiah, qui a longtemps conseillé l'ambassade israélienne à Washington, mais M. Nétanyahou « comprend tout à fait la portée de cette visite et la valeur des États-Unis ».

« Mots inappropriés »

Le porte-parole de la Maison-Blanche Josh Earnest a estimé que les sentiments personnels des deux dirigeants « étaient loin d'être aussi importants que leur capacité à travailler ensemble pour les intérêts de sécurité nationale des deux pays ».

Ces derniers jours, des déclarations à l'emporte-pièce du nouveau conseiller en communication de M. Nétanyahou, qui avait à une époque accusé M. Obama d'antisémitisme, auraient pu remettre de l'huile sur le feu mais le premier ministre a vite pris ses distances avec des « mots inappropriés ».

Le principal point des discussions sera le prochain accord militaire décennal, dans le cadre duquel Israël pourrait réclamer une rallonge aux plus de trois milliards de dollars annuels d'aide militaire qu'il reçoit actuellement des États unis.

« Cette rencontre est importante pour affirmer de façon claire la poursuite de l'aide américaine à Israël durant la décennie à venir », a affirmé M. Nétanyahou dimanche lors d'une réunion de son gouvernement.

Israël chercherait ainsi à s'équiper face aux risques auxquels il dit être exposé après l'accord sur le programme nucléaire de Téhéran, qualifié par le premier ministre israélien d'« erreur historique ». Selon lui, il n'empêchera pas l'Iran de se doter de l'arme nucléaire et renforcera les alliés de Téhéran, comme le Hezbollah libanais, et les ennemis d'Israël, comme le Hamas palestinien.

Dans le cadre du prochain accord décennal sur la défense qui ne prendra effet qu'en 2017, à l'expiration de celui en vigueur actuellement, les deux dirigeants doivent évoquer des engagements qui pourraient permettre à Israël d'obtenir plus que les 33 avions de combat F-35 déjà commandés et d'espérer acquérir des avions-hélicoptères V-22 Ospreys.

L'administration Obama « est en fait très désireuse de montrer qu'elle s'engage pour la sécurité d'Israël », explique Jonathan Rynhold du Centre Begin-Sadat pour les études stratégiques.

« Atténuer les tensions »

Parmi les autres sujets au menu figurent le conflit syrien et les violences israélo-palestiniennes.

Selon le quotidien Haaretz (opposition), M. Nétanyahou aurait l'intention d'annoncer au président américain des « mesures en vue d'atténuer les tensions » dans les Territoires occupés et en Israël qui pourraient prendre la forme d'un démantèlement de points de contrôle en Cisjordanie occupée et de décisions visant à améliorer la situation économique des Palestiniens.

M. Obama a reproché dans le passé à M. Nétanyahou d'envoyer des signaux contradictoires quant à son positionnement vis-à-vis de la solution à deux États, palestinien et israélien vivant en paix, et pourrait le pousser sur ce sujet.

Mais pour des responsables américains, M. Obama a perdu tout espoir de voir naître un accord de paix israélo-palestinien d'ici la fin de son mandat en janvier 2017.

À Washington, qu'il quittera jeudi, M. Nétanyahou doit également s'entretenir avec des parlementaires américains et recevra une récompense de l'American Enterprise Institute, classé à droite.

Mais il doit aussi rencontrer le think tank Center for American Progress, proche de la gauche, un geste interprété par des experts comme une tentative d'améliorer ses relations avec les démocrates.