Les deux meneurs de la course aux primaires républicaines pour la Maison-Blanche, le milliardaire Donald Trump et le docteur Ben Carson, ont peiné à défendre mercredi leurs projets économiques, lors d'un débat où de nouvelles têtes ont réussi à se distinguer.

La joute télévisée a mis en évidence le paradoxe des primaires républicaines 2016: les candidats ayant exercé des responsabilités politiques, souvent avec succès, sont relégués loin derrière deux hommes sans expérience politique, mais qui captivent la base conservatrice pour leur discours anti-establishment. Un tumulte également visible au Congrès, où les républicains viennent de changer de chef.

À eux deux, Donald Trump et Ben Carson, seul candidat afro-américain, remportent environ la moitié des intentions de vote des républicains, à trois mois du début des primaires en février 2016.

Mais les élus et ex-élus ont sorti les gants de boxe à l'occasion du troisième débat de la saison, organisé par la chaîne financière CNBC à l'Université du Colorado à Boulder.

Donald Trump, qui a fait de son expérience en affaires son premier argument de campagne, a été attaqué pour des propositions jugées irréalistes ou approximatives, notamment une énorme baisse d'impôts et la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

«Nous sommes sur le point de peut-être choisir quelqu'un incapable de faire ce travail», a déclaré John Kasich, le populaire gouverneur de l'Ohio, qui a dénoncé les «fantasmes» de ses adversaires.

«Réveillez-vous!», a-t-il exhorté les électeurs.

Ben Carson, un brillant neurochirurgien à la retraite, s'est lui aussi retrouvé en difficulté pour justifier sa proposition d'un taux d'impôt unique à 10%, sur le modèle d'une dîme.

Sans expérience politique, il a confessé en début de débat que sa plus grande faiblesse était «de ne pas vraiment se voir dans cette position jusqu'à ce que des centaines de milliers de personnes commencent à me demander de me lancer». Et il a buté sur plusieurs sujets, répondant par de longues explications emmêlées ou recourant à des expressions comme «un tas de conneries» sur une question fiscale.

Donald Trump a aussi dû défendre les faillites de certains de ses projets immobiliers. Il a répondu par une pirouette: «Je suis vraiment très bon pour résoudre les problèmes de dette».

Dispute Bush-Rubio

L'histoire montre que les sondages, à ce stade, ne sont pas prédictifs des futures élections. Les candidats qui menaient les primaires au même moment en 2007 et 2011 ont tous perdu.

Mais ils illustrent la popularité des «outsiders» dans cet automne ravageur pour les sortants.

La joute entre Donald Trump et Ben Carson n'a pas eu lieu --le docteur, affable au point d'être trop discret, a assuré aux téléspectateurs qu'il ne répliquerait pas aux provocations, dont acte.

Le vrai combat s'est produit entre deux ex-alliés: le sénateur de Floride Marco Rubio, et l'ancien gouverneur du même État, Jeb Bush, autrefois son commanditaire en politique. Le premier est sur une trajectoire montante, tandis que le second est tombé à la quatrième place des sondages.

L'héritier de la dynastie Bush a reproché au sénateur Rubio son absentéisme au Sénat, mais sans réussir à décocher de flèche mortelle face à un Rubio préparé à une telle attaque. Jeb Bush ressort du débat sans moment fort, une prestation poussive qui ne devrait pas l'aider à enrayer la tendance négative.

«C'est une affaire de longue haleine, accroche-toi Ana», a-t-il dit, dans un sourire forcé, après le débat à l'adresse d'une amie commentatrice qui s'inquiétait sur CNN de sa mauvaise passe.

À l'inverse, M. Rubio, télégénique fils d'immigrés cubains, a pleinement profité du débat pour démontrer ses talents d'orateur percutant et spirituel --notamment contre les grands médias, boucs-émissaires de la soirée, jugés biaisés à gauche. Il est l'un de ceux qui ont su tirer leur épingle du jeu parmi les dix participants du débat, avec le sénateur du Texas Ted Cruz et le gouverneur du New Jersey Chris Christie.

Le parti républicain a d'ailleurs officiellement critiqué CNBC pour les questions des modérateurs. «La prestation des modérateurs de CNBC a été extrêmement décevante», a déclaré son président, Reince Priebus.

Sur le fond, les candidats ont rivalisé de propositions pour alléger les réglementations et baisser l'impôt sur le revenu, beaucoup étant partisans d'un taux unique proportionnel.

Le prochain débat républicain aura lieu le 10 novembre.