Des experts ont conclu que la décision d'un policier américain de tirer en novembre 2014 dans l'Ohio (nord) contre le jeune Tamir Rice, qui brandissait un jouet en forme de pistolet, était justifiée, car il pouvait être considéré comme une menace.

Le bureau du procureur du comté de Cuyahogaa a publié samedi les conclusions de ces experts, qui seront transmises au grand jury chargé de déterminer si le policier doit être poursuivi pénalement ou non.

Le 22 novembre 2014, le jeune Tamir Rice, âgé de 12 ans, manipulait une arme factice sur une aire de jeux de Cleveland quand un policier arrivé sur place lui a tiré dessus, le tuant. Le policier ne pouvait distinguer si l'arme était vraie ou fausse, selon le chef de la police.

Un juge municipal a recommandé en juin que les deux policiers impliqués soient inculpés, mais son avis est consultatif.

Un agent du FBI à la retraite et un procureur de Denver (Colorado, ouest), auxquels le procureur avait demandé des rapports, sont parvenus chacun à la même conclusion: la décision du policier Timothy Loehmann de tirer contre l'enfant était «raisonnable» parce que Tamir Rice pouvait être considéré comme une menace.

Dans l'appel d'urgence des policiers arrivés sur place, Tamir Rice est décrit comme un homme brandissant une arme.

«Ces rapports ne sont pas des conclusions», a toutefois souligné le procureur Timothy McGinty dans un communiqué. «La recherche de preuves continue et le grand jury évaluera tout ça», a-t-il ajouté, en rappelant avoir invité les avocats de la famille Rice à fournir eux aussi des preuves.

L'avocat de la famille Rice, Subodh Chandra, a accusé les experts d'aider à «blanchir» le policier, et le procureur «d'éviter de rendre des comptes».

«Ces supposés "experts" --tous propolice-- éludent le simple fait que les policiers se sont rués sur Tamir et lui ont tiré dessus sans évaluer pour le moins la situation», a estimé M. Chandra. «Qui parlera au nom de Tamir devant le grand jury? Pas le procureur apparemment».

L'experte du FBI à la retraite Kimberly Crawford affirme que le policier «ne disposait pas d'information suggérant que l'arme n'en était pas une, et que la vitesse à laquelle la confrontation s'est déroulée n'a pas donné le temps au policier de se concentrer sur l'arme».

«Même si le temps n'avait pas été un facteur, il aurait été extrêmement difficile, voire impossible, de déterminer que cette arme était une réplique», selon Mme Crawford.

Lamar Sims, procureur adjoint à Denver, a estimé que M. Loehmann était «en position de grand danger» parce qu'il se trouvait tout près de Tamir Rice, qui semblait armé et s'approchait de la voiture des policiers.

La mort de Tamir Rice s'ajoute à d'autres affaires de brutalités policières à l'encontre des Noirs aux États-Unis, qui ont attisé les tensions raciales dans le pays et provoqué des manifestations.

PHOTO AFP/COURTOISIE

Tamir Rice