Aucune information n'avait filtré sur l'auteur du massacre de l'Umpqua Community College avant que les réseaux CBS et NBC ne révèlent hier soir, plusieurs heures après le drame, le nom de Chris Harper Mercer, 26 ans. Au moment de mettre sous presse, les autorités ne l'avaient toutefois pas identifié formellement.

Sur une page MySpace au nom de Chris Harper Mercer, un homme d'une vingtaine d'années résidant en Californie s'affiche sur une photo, fusil à la main et le crâne rasé. De nombreuses photos de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), une organisation paramilitaire qui a déposé les armes il y a dix ans, se retrouvent également sur ce profil. Le lien entre ce dernier et l'auteur de la tuerie n'avait toutefois pas été confirmé hier soir.

Néanmoins, Chris Harper Mercer semble correspondre au portrait type des tueurs de masse dressé par les chercheurs, au fil des tueries. Hormis certains cas d'exception, la majorité des tueurs visant des établissements scolaires étaient de jeunes hommes blancs de milieu homogène qui ne souffraient pas de maladies mentales, indique Francis Langlois, chercheur associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand. «D'une façon générale, ces jeunes hommes blancs qui commettent ces crimes se sentent marginalisés, que ce soit vrai ou non, et le disent ouvertement. Ils cherchent un moyen de se démarquer autrement que par les moyens traditionnels.»

Ils vont donc s'inspirer du modèle de «l'homme masculin armé», capable de se faire justice lui-même, véhiculé par la culture populaire, explique M. Langlois.

«Éventuellement, ça va passer par les armes à feu et, exactement comme le tueur l'a fait aujourd'hui, ils vont annoncer ce qu'ils vont faire, il va y avoir une gradation dans les méfaits», détaille-t-il.

En effet, quelqu'un a averti mercredi, la veille du drame, des utilisateurs anonymes du forum 4chan, fréquenté par des millions de personnes, de ne pas «aller à l'école [le lendemain s'ils étaient] dans le Nord-Ouest» des États-Unis. Certains utilisateurs ont ensuite encouragé l'auteur du message à passer à l'acte. «Je te suggère d'entrer dans une classe et de dire aux gens que tu vas les prendre en otage. Ensuite, envoie tout le monde dans un coin et ouvre le feu», a écrit quelqu'un. Il pourrait toutefois s'agir d'un simple farceur et d'une coïncidence.

Église, cinéma, centre commercial: aucun lieu public n'est épargné par la folie meurtrière de ces tueurs de masse. Or, l'école constitue une cible symbolique pour ces derniers, selon le chercheur Francis Langlois. «L'école représente le lieu où tout le monde dans la communauté passe, alors si on rejette la communauté, on attaque un des symboles les plus forts, l'école. Souvent, l'école est le lieu où l'étudiant, ou le jeune homme, s'est senti rejeté. On peut penser à Marc Lépine», soutient l'expert.