L'exécution d'un condamné américain de l'Oklahoma a été suspendue in extremis mercredi en raison de doutes sur un produit utilisé dans le cocktail de substances mortelles, quelques mois après une injection létale ratée qui avait relancé le débat sur les méthodes d'exécution.

«Des questions de dernières minutes ont été soulevées concernant (...) les produits chimiques utilisés pour l'injection létale», a annoncé dans un communiqué Mary Fallin, la gouverneure républicaine de cet État rural et conservateur du sud des États-Unis.

L'exécution initialement prévue mercredi à 16h00 a été repoussée au 6 novembre.

L'administration pénitentiaire, qui dépend de l'État de l'Oklahoma, dispose ainsi de 37 jours pour déterminer si l'usage de l'acétate de potassium dans le cocktail de produits mortels est conforme aux procédures d'exécution validées par la justice. La possibilité de se procurer un autre produit, le chlorure de potassium doit aussi être examinée, selon la gouverneure.

Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un vif débat relancé en 2014, lorsqu'une injection ratée avait provoqué la mort d'un condamné dans d'atroces souffrances après 40 minutes d'agonie.

Richard Glossip, 52 ans, a été reconnu coupable d'avoir commandité le meurtre du propriétaire d'un motel dont il assurait la gestion, sur la base du témoignage très controversé de Justin Sneed, un jeune de 19 ans qu'il avait recruté et qui a avoué l'homicide.

Un sursis de deux semaines avait déjà été accordé mi-septembre pour «assurer un examen équitable» de nouveaux recours déposés par la défense de M. Glossip, qui clame son innocence depuis 18 ans.

La Cour suprême à Washington a rejeté mercredi une demande de suspension de l'exécution, sans fournir d'explication.

La décision de la gouverneure de l'Oklahoma mercredi est intervenue à la toute dernière minute, une situation «extraordinaire», selon Robert Dunham directeur du Centre d'information sur la peine de mort.

«Je suis impliqué dans des dossiers concernant la peine de mort depuis près d'un demi-siècle et je n'avais jamais vu quelque chose comme cela», a-t-il déclaré à l'AFP.

43 minutes

En Oklahoma, le débat est vif sur les méthodes d'exécution utilisées depuis la mise à mort de Clayton Lockett le 30 avril 2014.

Ce condamné avait agonisé durant 43 minutes après l'injection d'un cocktail qui n'avait jamais été testé auparavant: une procédure d'exécution nouvelle qui prévoyait l'injection d'un sédatif, un anesthésiant et du chlorure de potassium à dose létale.

Immédiatement après le calvaire de cet homme, l'Oklahoma avait décrété un moratoire de six mois et une révision de son protocole d'exécution. L'enquête a finalement établi que l'intraveineuse servant à injecter le cocktail avait mal été placée et insuffisamment surveillée.

Le cas de Richard Glossip se distingue par une campagne de soutien particulièrement active de la part de nombreuses personnes convaincues de son innocence.

Ses défenseurs dénoncent le fait que la condamnation en 1997 soit fondée sur l'unique témoignage de Justin Sneed qui, en plaidant coupable et en impliquant M. Glossip, a pu éviter la peine de mort pour lui-même et a négocié une réclusion à perpétuité.

Une vaste campagne de soutien mobilise plusieurs personnalités comme l'actrice Susan Sarandon ou le milliardaire Richard Branson. Ce dernier s'est félicité de la suspension de la condamnation, écrivant dans un tweet: «37 jours pour montrer qu'il est innocent et que l'injection létale est cruelle».

Le pape François, en visite la semaine dernière aux États-Unis où il a plaidé pour l'abolition de la peine de mort devant les élus du Congrès, a par l'intermédiaire d'une lettre envoyée le 21 septembre par son représentant personnel, demandé la grâce de Richard Glossip.

Une autre condamnée à mort pour laquelle le pape avait demandé la clémence, Kelly Gissendaner, a été exécutée mercredi en Géorgie. Elle est la seizième femme exécutée aux États-Unis depuis le rétablissement de la peine capitale en 1976.

PHOTO AFP

Richard Glossip