La candidate républicaine à la Maison-Blanche Carly Fiorina, ancienne PDG de Hewlett-Packard, a grimpé dans les sondages depuis le débat de la semaine passée où elle s'est distinguée, une ascension qui a réveillé les critiques concernant son bilan de femme d'affaires.

La candidate avait mis en avant face à ses concurrents ses bons résultats en tant que patronne de HP, soulignant qu'elle avait été la première femme à diriger une entreprise du prestigieux classement Fortune 50 et qu'elle avait augmenté les revenus du groupe pour en faire la 11e plus grosse entreprise américaine.

Le milliardaire Donald Trump, son adversaire et homme d'affaires, a au contraire affirmé que le mandat de Mme Fiorina, seule femme parmi les 15 prétendants républicains encore en course, avait été «un désastre». D'autres ont aussi avancé qu'elle avait enjolivé son bilan à la tête du géant informatique.

Un de ses détracteurs les plus acharnés est Jeffrey Sonnenfeld, professeur à l'école de management de Yale, qui a écrit une série d'articles disséquant son bilan.

«Durant les cinq ans que Mme Fiorina a passés à la tête de Hewlett-Packard, l'entreprise a perdu plus de la moitié de sa valeur», a-t-il écrit.

Et même si d'autres entreprises du secteur technologique ont plongé durant cette période, HP a chuté davantage, a ajouté M. Sonnenfeld, soulignant également que les actions d'Apple ou de Dell avaient même monté à cette période.

La candidate «se sert de chiffres biaisés» et n'a pas appris de ses erreurs, reprend-il, estimant qu'elle a pris des «décisions irresponsables» et qu'elle s'est montrée «intolérante vis-à-vis des attaques contre elle».

«Pas beaucoup de compétences»

«Je suis partisan d'accorder des secondes chances, mais Mme Fiorina n'a pas encore appris de ses revers», a encore asséné M. Sonnenfeld sur Twitter.

Lui et d'autres pointent que les revenus de HP ont augmenté uniquement grâce au rapprochement controversé avec le rival Compaq, un rachat qui a apporté peu de profits et a causé de nombreuses suppressions de postes.

«Augmenter les revenus ainsi ne demande pas beaucoup de compétences», a analysé Roger Kay, consultant chez Endpoint Technologies Associates, qui suivait de près le secteur technologique du temps où Carly Fiorina était à la tête de HP.

Celle-ci «n'est pas très respectée dans la Silicon Valley», notamment en raison de ses nombreux conflits avec d'autres dirigeants de l'entreprise, a-t-il dit.

«Elle a en gros essayé de mener une politique de la terre brûlée et finalement les autres en ont eu marre», a conclu M. Kay.

D'autres au contraire estiment que le bilan de Carly Fiorina a été tout à fait honorable: «Avant qu'elle n'arrive, HP stagnait et luttait», a rappelé Bill Mutell, ancien vice-président de l'entreprise sous Mme Fiorina, qu'il considère comme «la plus brillante, claire, candide et compétente dirigeante que j'ai jamais connue».

Robert Burgelman, professeur à Stanford, estimait lui aussi dans une interview en 2007 que le rapprochement avec Compaq avait été «une bonne décision», même si les dirigeants ont peiné ensuite à transformer l'essai pour obtenir des profits immédiats.

Le site internet de la campagne de Carly Fiorina met en avant son parcours, «de secrétaire à PDG», et consacre une large place à discréditer le professeur Sonnenfeld, «un ami de longue date de Bill Clinton», l'ancien président démocrate.

Le site de vérification des faits Politifact s'est penché sur les affirmations de Donald Trump, qui considère l'acquisition de Compaq comme «une décision terrible», qui «a conduit à la destruction de l'entreprise». Des affirmations «assez vraies», selon Politifact.

«HP n'a pas été "détruit", l'entreprise existe toujours et est en bonne santé, mais la question des conséquences à long terme sur l'entreprise du rapprochement avec Compaq reste encore en suspens, même une décennie après», a estimé le site.