Sauf surprise de dernière heure, un seul parlementaire républicain boycottera demain le discours du pape devant le Congrès pour exprimer son désaccord avec lui. Il ne sera cependant pas le seul de son parti, majoritaire au Sénat et à la Chambre des représentants, à avoir critiqué certaines opinions du souverain pontife, qui a été accueilli hier à Washington par Barack Obama. Explications en quatre mots.

Climat

«Quand le pape choisit d'agir et de parler comme un politicien gauchiste, il peut s'attendre à être traité comme tel», a écrit le représentant républicain d'Arizona Paul Gosar en expliquant sa décision de boycotter le discours de François, premier pape à prendre la parole devant le Congrès. Comme d'autres républicains, il considère comme «douteuse» la science qui a poussé le pontife à appeler le monde à l'action pour lutter contre le réchauffement climatique. Le sénateur de Floride Marco Rubio, lui, n'est pas, à proprement dire, un climato-sceptique, mais il a déjà exprimé son opposition à l'une des recommandations contenues dans l'encyclique papale sur l'environnement, à savoir le remplacement des énergies fossiles. «Ils abaissent le coût de la vie, a déclaré le candidat présidentiel catholique. Il faut aussi tenir compte de ça.»

Économie

À entendre certains républicains, les critiques formulées par le pape François à l'égard du système capitaliste ne s'appliquent pas aux États-Unis. «Le gars vient de l'Argentine», a déclaré le représentant du Wisconsin Paul Ryan, un catholique, en décembre 2013. «[En Argentine], Ils ont le capitalisme de copinage. Ils n'ont pas le vrai système de libre entreprise.» D'autres républicains estiment que le pape devrait se contenter de défendre la position de l'Église catholique sur l'avortement et le mariage homosexuel et laisser aux politiciens le soin de débattre des questions comme la pauvreté. «Comment attaquez-vous le problème de la pauvreté? Il n'y a pas de solution catholique, contrairement aux arguments de certains économistes qui travaillent au Vatican», a déclaré le représentant du Kansas Tim Huelskamp.

Cuba

François n'est pas le premier pape à réclamer la fin de l'embargo américain contre Cuba. Benoît XVI a également critiqué le blocus économique contre le peuple cubain lors de son voyage dans l'île communiste. Mais son successeur a joué un rôle-clé dans le rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba et il pourrait bien revenir sur le sujet de l'embargo à l'occasion de son discours devant le Congrès américain, qui a le dernier mot en la matière. Tous les candidats républicains, y compris les catholiques, s'opposent au pape sur ce sujet. «Je pense tout simplement que le pape a tort», a déclaré le gouverneur du New Jersey Chris Christie sur CNN dimanche. «Le fait est que l'infaillibilité du pape concerne les questions religieuses, et non politiques.»

Palestine

Le pape François ne reviendra probablement pas devant le Congrès américain sur l'accord historique intervenu en juin entre le Saint-Siège et «l'État de Palestine». Portant sur les droits de l'Église catholique dans les territoires palestiniens, l'entente équivaut de facto à la reconnaissance de l'État de Palestine. Ce qui est certain, cependant, c'est que cette reconnaissance a déplu à plusieurs supporteurs républicains d'Israël, dont le représentant du Texas Louis Gohmert. «Je suis surpris que le pape veuille reconnaître la Palestine quand on y trouve encore des personnes haineuses qui veulent l'élimination d'Israël et qui refusent de reconnaître Israël. Le pape est le chef de sa religion et il prend ses propres décisions, mais je représente 700 000 personnes de l'est du Texas et une grande majorité d'entre elles sont d'accord avec moi.»