La candidate démocrate à la Maison-Blanche Hillary Clinton a attaqué mardi l'industrie pharmaceutique sur le prix de certains médicaments, en pleine polémique provoquée par la hausse de plus de 5400% du prix d'un médicament contre la toxoplasmose.

Hillary Clinton a braqué les projecteurs sur des pratiques peu connues de plusieurs fabricants pharmaceutiques, qui augmentent parfois fortement le prix de médicaments à faible volume et traitant des maladies rares.

La société Turing Pharmaceuticals a ainsi fait l'objet d'un article très repris du New York Times lundi, après avoir augmenté de 13,50 à 750 dollars le cachet de Daraprim, un médicament contre la toxoplasmose qu'elle vient de racheter.

«C'est un prix abusif», a dénoncé Hillary Clinton mardi, en campagne dans l'Iowa. «Et en même temps, les grandes compagnies pharmaceutiques reçoivent des milliards de dollars d'allègements fiscaux chaque année et gagnent des milliards de bénéfices chaque année. Et beaucoup dépensent plus d'argent en marketing et en publicité qu'en recherche».

Lundi, un tweet dénonciateur de la candidate avait contribué à la chute de l'indice Nasdaq des sociétés de biotechnologies de 4,5%.

«À ce prix, nous restons en bas de l'échelle de ce que coûtent les médicaments pour maladies orphelines et en tout cas nous ne sommes pas le premier fabricant à augmenter les prix de médicaments», s'est défendu Martin Shkreli, directeur général de Turing, sur CNBC lundi. «On a augmenté le prix de façon à faire de bons bénéfices, mais pas des bénéfices ridiculement élevés».

Le système de santé est l'un des sujets de prédilection d'Hillary Clinton: lorsqu'elle était Première dame, elle avait mené un grand projet de réforme de l'assurance-maladie américaine, qui avait fini par être torpillé au Congrès.

Son plan, présenté mardi, prévoit de conditionner les allègements fiscaux de l'industrie pharmaceutique à un certain niveau de réinvestissement des bénéfices dans la recherche et le développement.

La candidate voudrait aussi plafonner à 250 dollars par mois (225 euros) les dépenses de médicaments non prises en charge par les assurances (de tels plafonds existent pour les dépenses médicales annuelles, avec des montants variables selon les assurances).

Enfin, Hillary Clinton est favorable à l'importation de médicaments étrangers qui seraient moins chers, à condition qu'ils répondent aux normes américaines.

Si elle a salué la baisse globale des coûts de santé aux États-Unis, la démocrate a estimé que les Américains ne le ressentaient pas toujours, car «les compagnies d'assurance ont gardé les économies pour elles et transféré plus de coûts sur les familles».