La candidate à l'investiture démocrate pour la Maison-Blanche Hillary Clinton, ancienne secrétaire d'État, a appelé vendredi une nouvelle fois à la fin de l'embargo américain contre Cuba lors d'un discours à Miami, où vit la plus grande communauté cubaine des États-Unis.

«Il faut mettre fin à l'embargo contre Cuba une fois pour toutes», a déclaré Hillary Clinton devant quelque 300 personnes à l'Université internationale de Floride, dans le sud-est des États-Unis.

«Nous devrions le remplacer par une approche plus intelligente, qui donne davantage de pouvoirs aux entreprises cubaines, à la société civile cubaine et à la communauté cubano-américaine pour encourager le progrès et maintenir la pression sur le régime», a-t-elle ajouté moins de deux semaines après la réouverture des ambassades dans chaque capitale, qui a mis fin à plus d'un demi-siècle de rupture diplomatique.

Chef de la diplomatie américaine de 2009 à début 2013, Hillary Clinton était publiquement favorable à une normalisation des relations avec Cuba avant même le rapprochement annoncé en décembre dernier par Barack Obama et Raúl Castro. Elle s'était notamment dite favorable à la levée de l'embargo économique imposé en 1962 contre l'île communiste.

Face à l'opposition des républicains, majoritaires au Congrès, qui ont prévenu qu'ils empêcheraient le vote d'une levée de l'embargo, Hillary Clinton a déclaré que les élections présidentielles de 2016 seraient décisives sur ce sujet.

«Nous ne pouvons pas revenir à une politique qui a échoué», a-t-elle lancé avant d'appeler les républicains à «écouter les demandes du peuple cubain».

«En grande majorité, ils veulent une relation plus proche avec l'Amérique. Ils veulent acheter nos produits, lire nos livres, naviguer sur notre réseau internet et apprendre auprès de notre peuple. Ils veulent faire entrer leur pays dans le 21e siècle», a déclaré la candidate démocrate.

En prenant la défense de cette cause de façon si vigoureuse, Hillary Clinton s'est placée dans la lignée de Barack Obama et en opposition frontale avec les candidats républicains à la Maison-Blanche. Jeb Bush et Marco Rubio, qui ont fait leur carrière politique en Floride, sont opposés au rapprochement, estimant qu'il récompense les frères Castro.

La communauté cubaine de Floride est un groupe électoral très courtisé et influent, et beaucoup sont de fervents anticastristes. Miami abrite près de la moitié des deux millions de Cubains vivant aux États-Unis.

«Après l'échec de la tentative de (Hillary) Clinton de raviver les relations avec (le président russe Vladimir) Poutine, maintenant elle veut faire la même chose avec Castro. C'est encore une erreur», a tweeté le sénateur Marco Rubio, américain d'origine cubaine candidat à l'investiture de son parti pour la présidentielle de 2016.

Autre candidat à la Maison-Blanche et ancien gouverneur de Floride, Jeb Bush a également réagi aux propos de Mme Clinton.

«La demande de Clinton de supprimer l'embargo et les principes de démocratie et de liberté pour le peuple cubain, en échange de rien du tout, représente une insulte à la souffrance des familles» originaires de Cuba installées à Miami, a fait valoir M. Bush.

Hillary Clinton critique le bilan de Jeb Bush en Floride

Hillary Clinton s'en est pris plus tôt vendredi directement à Jeb Bush, critiquant l'incapacité du prétendant républicain à réduire les inégalités dans l'État de Floride dont il fut gouverneur.

Hillary Clinton s'est exprimée près de Miami durant une conférence de l'organisation de défense des droits civiques Urban League, au cours de laquelle la pauvreté structurelle, les inégalités raciales, économiques et en matière d'éducation ont été évoquées.

Jeb Bush, l'un des candidats les plus en vue pour l'élection présidentielle de 2016, est intervenu une heure plus tard devant la même assemblée, se gardant toutefois de réagir aux remarques de sa rivale démocrate.

Mme Clinton a glissé dans son intervention plusieurs critiques sur le bilan de M. Bush qui fut gouverneur de Floride entre 1999 et 2007.

«Trop souvent on voit un décalage entre ce que disent certains candidats dans des lieux comme celui-ci et ce qu'ils font véritablement lorsqu'ils sont élus», a lancé la candidate.

Elle s'en est pris par ailleurs au slogan de Jeb Bush: «Le droit de s'élever».

«Les personnes ne peuvent pas s'élever si le salaire minimum est trop bas pour vivre. Elles ne peuvent pas s'élever si leur gouverneur rend plus difficile pour eux l'accession à une formation universitaire», a-t-elle avancé, attaquant également son adversaire sur les réformes de santé et les droits civiques.

À ce sujet, elle s'est montrée beaucoup plus véhémente que M. Bush assurant que la couleur de peau continuait de déterminer «qui avance aux États-Unis et qui est laissé pour compte».

Énumérant les patronymes de Noirs non armés tués au cours des derniers mois dans des incidents impliquant des policiers blancs, elle a assuré que «ces noms restaient gravés dans nos coeurs».

Jeb Bush s'est montré plus évasif sur les tensions raciales qui ont été ravivées depuis un an par plusieurs bavures policières.

Il a toutefois rappelé avoir retiré en 2001 le drapeau confédéré du Parlement de Floride pour le placer dans un musée.

Ce drapeau controversé, emblème des soldats du Sud pendant la Guerre de Sécession, mais symbole de racisme pour beaucoup d'Américains, a été retiré de la même manière en Caroline du Sud ce mois-ci, après un massacre dans une église noire commis par un jeune partisan de la suprématie blanche.