Le marginal de 59 ans qui a tué deux personnes jeudi soir dans un cinéma de Louisiane, dans le sud des États-Unis, a agi avec méthode et avait acheté son arme de manière légale, ont indiqué les autorités vendredi.

Le tueur, un homme blanc identifié comme John Russel Houser, a mis fin à ses jours quand il a vu qu'il était cerné. Il a tué deux femmes blanches âgées de 21 et 33 ans et fait neuf blessés. Cinq d'entre eux restaient hospitalisés vendredi soir, selon le chef de la police municipale Jim Craft.

La fusillade a eu lieu dans le cinéma Grand 16 de Lafayette pendant la projection de la comédie Trainwreck. Des témoins ont raconté des scènes de panique dans la salle où les tirs ont commencé une trentaine de minutes après le début du film. Une centaine de spectateurs étaient présents.

«Un total de 15 douilles ont été retrouvées dans le cinéma», a noté M. Craft. Le tireur avait un pistolet semi-automatique «acheté chez un prêteur sur gages dans l'Alabama en février 2014», une arme «achetée légalement».

Les enquêteurs tentaient d'en savoir plus sur la personnalité de John Houser, qui semblait chercher du travail et avait besoin d'argent. Le FBI va interroger sa mère, sa fille et son ex-femme pour tenter de mieux cerner le profil de cet homme.

Il habitait auparavant dans l'Alabama, ne «travaillait avec personne ou n'était lié à personne», a précisé Jim Craft. «C'est une sorte de sans domicile fixe», a affirmé le chef de la police de Louisiane, Michael Edmonson.

Bobby Jindal, le gouverneur de Louisiane, a précisé que le tueur avait agi avec méthode et détermination jeudi: «Le tireur a pris son temps et a été assez méthodique. Il semble de plus en plus qu'il avait planifié sa fuite: ses clés étaient déjà sur le contact de sa voiture, près de la sortie. Il avait réfléchi à la manière de s'échapper».

Les premiers policiers sont cependant arrivés sur les lieux de la fusillade très rapidement. En les voyant alors qu'il sortait du cinéma, le tireur est retourné dans le bâtiment, où il s'est suicidé.

«Au hasard»

John Houser avait changé la plaque d'immatriculation de sa voiture et la police a découvert «des perruques et des lunettes» dans la chambre d'hôtel où il résidait à Lafayette depuis début juillet.

Il avait été arrêté par la police il y a 26 ans, pour incendie volontaire et vente d'alcool à un mineur.

Exprimant sa «colère» de voir un tel acte «insensé» se produire dans cette petite ville calme, Bobby Jindal a rendu un hommage appuyé aux forces de l'ordre «qui ont couru vers le danger, vers l'origine des coups de feu, sauvant vraisemblablement plusieurs vies».

Le maire Joseph Durel a insisté sur le fait que sa ville, qui compte environ 120 000 habitants, était «sûre». «Ce qui s'est produit hier soir est une anomalie. À ce qu'on sait, le tireur n'avait pas vraiment de motivation, il a fait ça au hasard. C'est une situation horrible, mais ça ne change pas le fait que notre ville est sûre», a-t-il dit.

Cette nouvelle fusillade a ravivé le débat sur la circulation des armes à feu aux États-Unis, un sujet sur lequel aucune loi contraignante n'a été adoptée malgré plusieurs fusillades dramatiques ces dernières années.

Mais interrogé sur le sujet, Bobby Jindal, qui est aussi candidat républicain à la Maison-Blanche, a éludé la question: «Il y aura un temps pour avoir cette conversation, mais pour le moment nous avons des victimes hospitalisées, leurs familles prient pour leur rétablissement. Pour le moment on doit se concentrer sur les victimes».

Quasiment au moment de l'attaque, le président Barack Obama faisait part sur la BBC de sa grande frustration de ne pas avoir pu réglementer les armes à feu aux États unis: «Ne pas être capable de résoudre ce problème est pour nous quelque chose d'éprouvant», a-t-il regretté.

Cette tuerie dans un cinéma a également rappelé celle d'Aurora (Colorado), à l'été 2012, où 12 personnes avaient également été tuées dans une salle obscure.

Un jury du Colorado délibère d'ailleurs actuellement pour éventuellement condamner à mort James Holmes, reconnu coupable de cette tuerie.

PHOTO AFP/POLICE DE LAFAYETTE

John Russel Houser