L'auteur présumé de la fusillade meurtrière il y a trois ans dans un cinéma américain lors d'une première d'un film de Batman était sain d'esprit et a «méticuleusement» préparé son geste, a estimé un procureur lors des plaidoiries finales du procès mardi.

Selon eux, James Holmes, 27 ans, qui était étudiant au moment des faits, a «méticuleusement» préparé la tuerie du 20 juillet 2012 à Aurora, dans le Colorado qui avait fait 12 morts, et avait évoqué son désir de tuer plusieurs mois auparavant.

Il est en détention depuis la nuit de la tuerie, qui avait également fait 70 blessés. Il fait face à 166 chefs d'accusation de meurtre, de tentative de meurtre et de possession d'explosifs.

Le massacre s'est déroulé dans un cinéma bondé à l'occasion d'une projection à minuit du film The Dark Knight Rises, portant sur la confrontation entre Batman et son ennemi Bane.

«Lundi, cela fera trois ans jour pour jour. (...) quatre cents personnes de cette communauté sont entrées dans ce cinéma. Elles sont venues heureuses, espérant se divertir», a déclaré le procureur George Brauchler en commençant sa plaidoirie de deux heures devant les jurés.

«Ce n'est pas ce qui s'est passé. À la place, un personnage différent est apparu devant l'écran, tout de noir vêtu. Et il est venu avec une chose dans son coeur et son esprit, c'était un meurtre de masse».

La défense a quant à elle campé sur sa position plaidant l'irresponsabilité pour cause de démence. James Holmes a plaidé non coupable et risque la peine de mort.

«Le fait est que lorsque M. Holmes est entré dans le cinéma (...) il a perdu contact avec la réalité», a martelé son avocat Daniel King. «Vous ne pouvez pas dissocier la maladie mentale de cette affaire, ni de M. Holmes», a-t-il ajouté.

La défense n'a en revanche jamais nié les faits qui se sont déroulés ce soir-là. Selon des témoins, James Holmes a lancé un fumigène dans la salle de cinéma avant d'ouvrir le feu, tirant au hasard avec un fusil d'assaut AR-15, un pistolet calibre .40 et un fusil de chasse.

Lors d'audiences préliminaires, les procureurs ont déclaré qu'il avait assez de munitions pour tuer tous les spectateurs de la salle.

Le juge Carlos Samour, tout en donnant ses instructions au jury mardi, a lu à haute voix le nom de toutes les victimes.

Le procès s'était ouvert en janvier et pourrait durer jusqu'en octobre.

La principale question sera de décider si l'accusé, ancien étudiant en neurosciences, était ou non sain d'esprit au moment du drame.

George Brauchler a, lui, demandé mardi de «rejeter la théorie selon laquelle il ne pouvait pas différencier le bien du mal (...) cette personne était saine d'esprit sans l'ombre d'un doute, et il doit être tenu responsable pour ce qu'il a fait».

Durant l'audience, le jury a également visionné des heures d'entretiens filmés entre M. Hommes et des psychiatres accrédités par l'État.

Ces derniers, ainsi que deux psychiatres mandatés par la défense, sont d'accord sur le fait qu'il souffre de troubles mentaux.

Les premiers ont toutefois estimé qu'il était sain d'esprit lors du massacre.

S'il n'était pas reconnu coupable, comme le veulent ses avocats, en raison de sa «démence», il sera enfermé dans un hôpital psychiatrique.