La Caroline du Sud a retiré vendredi de son parlement le controversé drapeau confédéré, emblème des soldats du Sud pendant la Guerre de Sécession, mais symbole de racisme pour beaucoup d'Américains, une décision provoquée par la tuerie dans une église noire de Charleston.

Plusieurs centaines de personnes réunies sur l'esplanade du parlement local à Columbia, la capitale de cet État du sud-est des États-Unis, ont accompagné la descente du drapeau par des cris de joie.

«USA! USA!» chantait une partie de la foule pendant que des policiers de la garde d'honneur de l'Etat, munis de gants blancs, abaissaient la bannière rouge à croix bleue parsemée d'étoiles blanches, avant de la plier cérémonieusement.

Ce retrait est un «signe de bonne volonté et de cicatrisation (des blessures), ainsi qu'une étape décisive vers un avenir meilleur», a aussitôt tweeté Barack Obama, premier président noir des États-Unis.

L'emblème a été abaissé d'un mât de dix mètres, qui lui aussi a été enlevé et jouxtait, dans les jardins du parlement de Columbia, un monument en souvenir de la Guerre de Sécession. Il avait été installé sur le dôme du parlement en 1960, puis déplacé il y a une quinzaine d'années devant le bâtiment.

La décision de son retrait avait été provoquée par le massacre, il y a trois semaines, de neuf Noirs dans une église emblématique de cette communauté à Charleston.

Son auteur Dylann Roof, inculpé et écroué, est un partisan de la suprématie blanche qui avait justifié son geste par sa haine des Noirs, sur un site où on le voit sur plusieurs photos brandir la bannière.

Selon des médias américains, le directeur du FBI James Comey a révélé vendredi que le jeune homme de 21 ans n'aurait jamais dû être autorisé à acheter l'arme dont il s'est servi pour tuer. L'employée du FBI qui a vérifié ses antécédents pour autoriser ou non l'achat n'a pas été informée d'une précédente arrestation de Dylann Roof.

Ce dernier avait été arrêté en février pour détention d'une drogue de substitution.

Le décrochage du drapeau, réclamé par la gouverneure républicaine de l'État, Nikki Haley, qui arguait d'un symbole qui «divise», a été validé cette semaine par les élus locaux.

«Fin d'une ère de division»

«Ce drapeau doit aller dans un musée où nous continuerons à nous assurer que les gens puissent l'honorer de manière appropriée», a déclaré sur NBC Mme Haley. «Personne ne devrait passer devant le bâtiment du parlement et ressentir de la peine», a-t-elle ajouté.

Le drapeau sera désormais exposé dans un musée d'histoire militaire confédérée.

Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a «félicité» la gouverneure de Caroline du Sud pour ce retrait.

Le représentant local noir James Clyburn a lui salué «la fin d'une ère de division».

Le Sénat local s'était prononcé en faveur de son décrochage, malgré de rares opposants qui ont invoqué l'histoire des États du Sud du pays. Ce drapeau était leur emblème militaire quand ils ont fait sécession pendant la guerre civile (1861-1865) pour s'opposer notamment à une réforme de l'esclavage du président Abraham Lincoln.

Pour le membre de l'association des Fils d'anciens combattants confédérés, Terry Hughney, la bannière n'est «pas» source de division. «Je l'ai toujours vue comme l'amour et l'honneur pour mes ancêtres», a-t-il affirmé au journal local The State.

Les débats autour du drapeau controversé ont été houleux à la Chambre locale, tandis que la controverse a gagné jeudi le Congrès à Washington.

Le représentant démocrate noir Hakeem Jeffries a même exposé un drapeau confédéré dans l'hémicycle pour dénoncer un symbole «de haine raciste et d'oppression».

Un autre État du Sud, l'Alabama, a retiré le drapeau de son parlement le 24 juin. Dans le Mississippi, seul État dont le drapeau contient la bannière confédérée dans le coin supérieur gauche, des élus conservateurs ont aussi demandé son retrait.

Après le drame de Charleston, plusieurs distributeurs américains avaient annoncé qu'ils ne vendraient plus de produits floqués de l'emblème.

Signe toutefois de la tension qu'il suscite encore, le mât du drapeau avait été entouré jeudi d'une barricade et gardé par plusieurs policiers avant d'être mis à terre.

Le 18 juillet le Ku Klux Klan, qui milite pour la suprématie blanche, a prévu de manifester sur la même esplanade pour la défense du drapeau confédéré.