Au cours des derniers jours, les Mexicains se sont chargés de rappeler à Donald Trump qu'ils n'exportaient pas « de la drogue et des violeurs » aux États-Unis, comme l'a affirmé le milliardaire, mais plutôt des électeurs, qui se comptent par millions, et qui pourraient nuire à sa course à la Maison-Blanche.

Lors de l'annonce de sa candidature à la présidentielle, le 16 juin, l'aspirant républicain avait clamé que le Mexique n'était « pas un pays ami » et qu'il ferait construire un mur tout au long de sa frontière, dont il remettrait la facture à son voisin du sud. 

Comme le souligne la presse mexicaine cette semaine, Trump avait sans doute oublié qu'environ 25 millions d'électeurs d'origine hispanique se trouvaient déjà de l'autre côté de ce mur.

Au Mexique, dans la foulée des responsables politiques et des personnalités du spectacle, le milieu des affaires a cette semaine exprimé sa répulsion face au discours de Trump. Coup sur coup, quatre grands groupes médiatiques mexicains ou hispaniques ont annoncé l'annulation de contrats ou de projets auxquels Trump était associé, touchant ses intérêts des deux côtés de la frontière. 

Televisa, principal conglomérat médiatique mexicain, a déclaré lundi ne vouloir participer à « aucun projet de communication lié à Donald Trump », considérant que celui-ci avait insulté la population mexicaine dans son ensemble. Les chaînes américaines en espagnol Univision et Telemundo, filiale du groupe NBC, ont renoncé, à l'instar de Televisa, à retransmettre le concours de Miss Univers, propriété de l'homme à la crinière blonde. Et la candidate mexicaine s'est retirée. 

OPPROBRE UNANIME

Ces décisions sont interprétées comme un geste fort, compte tenu de la popularité de ce type de concours en Amérique latine. De son côté, l'homme d'affaires Carlos Slim, deuxième fortune mondiale, a annulé les émissions auxquelles participaient les sociétés de Trump et qui devaient être diffusées sur la nouvelle chaîne Ora TV, fondée par le Mexicain et le journaliste américain Larry King.

« Vous êtes viré, monsieur Trump », écrivent les éditorialistes mexicains, parodiant la formule employée par l'Américain dans ses émissions de téléréalité au moment de congédier les candidats qui n'ont pas ses faveurs. 

Acteurs, sportifs, chanteurs, politiciens : l'opprobre est unanime et se manifeste aussi par le succès de la piñata à l'effigie de Trump.

« C'est une façon de répondre à ce monsieur », explique en entrevue téléphonique avec La Presse Dalton Ávalos Ramírez, créateur de la piñata Trump, depuis son atelier de Reynosa, à la frontière avec le Texas. 

La création de Dalton Ávalos Ramírez a connu un succès instantané auprès des Mexicains installés aux États-Unis, qui traversent la frontière afin d'acquérir la piñata pour 30 $ ou lui passent commande des quatre coins du pays. « D'ici, je vois bien que les Mexicains suent au travail de l'autre côté. Nous ne sommes pas des criminels », affirme celui qui a donné à ses compatriotes la possibilité de punir le candidat à coups de bâton.