Trop petit? Vermoulu? Les spéculations se multipliaient mercredi sur la cause de l'effondrement d'un balcon dans lequel six étudiants irlandais ont trouvé la mort à Berkeley, tandis que leurs familles arrivaient en Californie et que l'Irlande était en deuil.

L'enquête sur ce tragique accident, dans lequel ont par ailleurs été blessées sept personnes, commençait à peine, mais la presse locale citait déjà des experts.«Gene St. Onge, un ingénieur de génie civil d'Oakland qui a visité les lieux de l'accident, estime que les morceaux de bois qui ressortent du bâtiment et qui soutenaient le balcon semblent montrer des signes de pourrissement», écrit le quotidien Los Angeles Times.

Le San Francisco Chronicle citait pour sa part une membre d'un comité qui valide les conceptions architecturales de la ville de Berkeley.

Le balcon n'était «sans aucun doute pas assez grand pour (...) un groupe», souligne Carrie Olson, du Berkeley Design Review Committee.

«Il était juste destiné à être un endroit où une personne pourrait se tenir debout, respirer. Pas pour treize personnes», ajoute-t-elle dans le quotidien californien.

Un porte-parole de la ville de Berkeley, Matthai Chakko, a pour sa part affirmé au Los Angeles Times qu'une enquête était en cours et que des inspecteurs examinaient les matériaux sur les lieux de l'accident.

«Les résultats de l'enquête municipale prendront plusieurs jours», a-t-il affirmé.

Dans un communiqué sur le site du ministère irlandais des Affaires étrangères, le ministre Charles Flanagan indique que les familles des victimes «voyagent vers San Francisco aujourd'hui (mercredi)».

L'accident figurait en Une de tous les journaux irlandais mercredi. «Une nation au coeur brisé», a titré le Irish Daily Mail, au-dessus des photos montrant les six jeunes victimes, souriantes.

«Les drapeaux de notre pays sont en berne pour exprimer notre respect et notre sympathie envers les familles des victimes», a déclaré le Premier ministre Enda Kenny devant le Parlement où une minute de silence a été observée, avant une suspension de séance d'une heure en guise d'hommage.

Excuses du New York Times

Les victimes ont été identifiées comme Ashley Donohoe, 22 ans, qui possédait la double nationalité irlando-américaine, Olivia Burke, Eoghan Culligan, Niccolai Schuster, Lorcan Miller et Eimear Walsh, qui étaient tous âgés de 21 ans.

Tous étaient venus aux États-Unis pour y travailler pendant l'été, grâce à un programme de visas temporaires J1, une sorte de rite de passage pour de très nombreux étudiants de l'île. 8000 jeunes Irlandais ont candidaté pour ce visa cette année.

Ils étaient rassemblés dans une fête pour célébrer les 21 ans d'une connaissance.

Le New York Times a déclenché l'ire de toute l'Irlande en insinuant que le comportement des étudiants était peut-être en cause dans le tragique accident.

Le quotidien a qualifié le programme J1 de «source de honte pour l'Irlande, marqué par des épisodes médiatisés impliquant des fêtes alcoolisées et le passage à sac d'appartements à San Francisco ou Santa Barbara».

Une description jugée insultante et blessante pour les victimes alors qu'aucun élément officiel n'est encore connu sur la tragédie de mardi.

L'ambassadrice d'Irlande à Washington, Anne Anderson, a pris la plume pour répliquer au quotidien new-yorkais, affirmant qu'il avait «profondément offensé» les Irlandais.

«Il est tout simplement faux de dire que le programme J1 embarrasse l'Irlande», a-t-elle ajouté.

Eileen Murphy, vice-présidente de la communication du New York Times, s'est excusée dans un communiqué envoyé au journal Irish Examiner.

«Nous comprenons et acceptons que certaines tournures de l'article aient pu être interprétées comme indélicates, particulièrement pour les proches de ceux qui sont touchés par cette tragédie», a-t-elle écrit au journal.