Des explosifs qui passent à travers les mailles du filet, des équipements défaillants et même l'embauche de suspects de terrorisme: le système américain de sécurité dans les aéroports est mis au pilori après la découverte de multiples «vulnérabilités».

Au moins 73 employés ont été recrutés dans des aéroports américains malgré des liens possibles avec des organisations extrémistes et n'ont pas été détectés par l'Autorité américaine de sécurité dans les transports (TSA), dévoile mardi un rapport de l'Inspection générale (OIG).Car la TSA, responsable du contrôle des passagers et des bagages dans les aéroports américains, «n'a pas accès à toutes les informations relatives au terrorisme», a révélé John Roth, l'inspecteur général du ministère de la Sécurité intérieure.

Particulièrement «perturbant», selon un sénateur, l'agence fédérale n'est pas autorisée à consulter la «No Fly List» du FBI, qui interdit à ceux qui y figurent de prendre des vols au départ ou à destination des États-Unis.

«Nous avons besoin d'une loi» pour que la TSA ait accès à ces éléments-clés, a plaidé M. Roth, lors d'une audition devant une commission parlementaire convoquée après l'annonce de failles de sécurité aux aéroports.

Selon le rapport, consulté par l'AFP, la TSA «s'est reposée sur les aéroports» au moment du recrutement de ces vendeurs ou employés, et «n'a pas pris toutes les assurances pour approuver convenablement les candidats».

La nouvelle est d'autant plus «inacceptable», selon le sénateur démocrate Tom Carper, que «la menace intérieure représente une réelle inquiétude de sécurité dans nos aéroports», a relevé une responsable de la TSA. D'anciens employés «badgés» de l'aéroport de Minneapolis-St Paul se sont rendus en Syrie pour rejoindre l'organisation État islamique, a révélé Becky Roering, qui travaille dans cet aérogare comme adjointe du directeur à la sécurité.

«Comme des bonbons d'Halloween»

Tout aussi «troublantes», selon Mme Roering, les failles dans la sécurité du programme «preCheck» de la TSA, qui permet à des passagers présélectionnés d'éviter les longues files d'attente aux points de contrôle aux aéroports.

«TSA gère le système preCheck comme des bonbons d'Halloween, pour faire passer les passagers le plus vite possible», a dénoncé la responsable des inspections à l'Agence.

Un million de passagers prenant fréquemment l'avion sont enregistrés dans ce programme payant en raison du peu de risques qu'ils représentent. D'autres, environ 7,2 millions, sont sélectionnés de manière aléatoire aux aéroports pour faire gagner du temps à la fois aux voyageurs et aux agents de sécurité, selon Mme Roering.

Mais un repris de justice, ancien membre d'une organisation extrémiste, s'est retrouvé dans cette sélection aléatoire et a été autorisé, rapidement et sans encombre, à pénétrer en zone sécurisée, a raconté M. Roth. Connu pour son passé criminel, cet homme avait pourtant été identifié au faciès par un agent de la TSA, qui avait alerté son supérieur.

Car «la culture qui règne à la TSA est une culture de peur et de méfiance», a estimé Mme Roering.

Des badges ont disparu, volés ou perdus, des équipements de contrôle ont montré des défaillances, mais la TSA ne «comprend pas la gravité de la situation», a fustigé l'inspecteur général.

La semaine dernière, le ministre américain de la Sécurité intérieure Jeh Johnson avait annoncé des mesures immédiates, après avoir été informé de ces nombreuses failles et «vulnérabilités» encore classifiées.

Des objets interdits dans les zones sécurisées, comme des explosifs ou des armes, étaient passés entre les mailles du filet lors d'opérations d'agents sous couverture qui avaient pu les introduire en zone sécurisée.

Mais pour Robert Maclean, agent de la police de l'Air, déjà célèbre lanceur d'alerte à la Cour suprême, la TSA se concentre trop sur les armes à feu, qui représentent une «distraction» aux points de sécurité.

«Si j'étais un terroriste loup solitaire et que je voulais provoquer le chaos dans un avion ou le forcer à atterrir, je prendrais des stéroïdes», a-t-il dit, «je réserverais un siège en première classe et j'embarquerais avec une paire de ciseaux approuvés par la TSA (...) qui peuvent tuer un nombre significatif de passagers».