Le Sénat américain a débloqué jeudi l'examen d'une proposition de loi donnant des pouvoirs étendus de négociations commerciales à Barack Obama, surmontant l'opposition de l'aile protectionniste du parti démocrate.

Les sénateurs ont voté par 65 voix contre 33 pour ouvrir les débats sur ce texte. Les «non» sont exclusivement venus du camp démocrate, majoritairement hostile au colossal accord de libre-échange avec 11 pays de la région Asie-Pacifique, le partenariat transpacifique (TPP), que Washington négocie actuellement.

«Un accord commercial désastreux», a estimé le sénateur indépendant Bernie Sanders, qui siège avec les démocrates et est candidat aux primaires présidentielles contre Hillary Clinton.

Comparant le TPP à l'accord de libre-échange nord-américain Nafta (1994), Bernie Sanders a prédit qu'il conduirait à des suppressions d'emplois aux États-Unis par les multinationales américaines.

«Cela ne fera qu'accélérer leur capacité à fermer des usines aux États-Unis et à délocaliser dans des pays à bas salaires», a-t-il lancé.

Mais le TPP est une priorité économique de Barack Obama qui en défend le potentiel pour les exportateurs américains, les 12 pays de la zone représentant quelque 40% du PIB mondial.

Pour le finaliser d'ici la fin de son mandat, le président veut que le Congrès adopte une loi dite de procédure accélérée. Légalement, le Congrès doit approuver tout accord commercial, mais avec une procédure accélérée, il réduirait volontairement ses pouvoirs en acceptant de voter rapidement pour ou contre le TPP négocié par l'exécutif, sans pouvoir en modifier le contenu.

La procédure accélérée s'appliquerait à tous les accords négociés par le président actuel et son successeur jusqu'en 2018, et potentiellement 2021, ce qui pourrait profiter à celui actuellement négocié avec l'Union européenne (TTIP).

Grâce à la motion de jeudi, le Sénat pourra débattre la semaine prochaine de la loi de procédure accélérée. En cas d'adoption par le Sénat, le texte passera à la Chambre des représentants, où il est également une priorité de la majorité républicaine.

«Plus de commerce égale plus d'emplois pour les Américains», a plaidé le président de la Chambre, John Boehner.

Les sénateurs avaient auparavant adopté deux propositions de loi liées au commerce international.

L'une, adoptée par 78 voix contre 20, codifierait des programmes de contrôle aux douanes et aux frontières. Elle inclut un article controversé, critiqué par la Maison Blanche, qui obligerait l'administration à s'en prendre aux pays qui manipulent leur monnaie pour subventionner leurs exportations vers les États-Unis, une mesure visant la Chine et le Japon.

L'autre, consensuelle, renouvellera pour plusieurs années des tarifs douaniers préférentiels pour plus de 160 pays, notamment d'Afrique subsaharienne et Haïti jusqu'en 2025.

Les 12 pays du TPP sont: Australie, Brunei, Canada, Chili, États-Unis, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam.