Un Canadien membre de la haute direction d'une entreprise américaine de services financiers se trouve parmi les 8 victimes du déraillement d'un train Amtrak survenu mardi soir à Philadelphie.

La catastrophe qui aurait pu être évitée grâce à une technologie de limitation de vitesse, selon les enquêteurs.

Vers 21h21 mardi soir, le train 188 de la compagnie ferroviaire publique Amtrak qui reliait Washington à New York a pris un virage à 170 km/h, soit plus de deux fois la vitesse autorisée, avant de freiner d'urgence et de dérailler, selon les enquêteurs.

A l'aide d'un chien, «nous avons pu trouver un autre passager» décédé jeudi, dans les débris de métal de la première voiture du train, a indiqué le chef des pompiers de la ville, Derrick Sawyer, lors d'une conférence de presse.

Les 243 personnes qui se trouvaient à bord sont désormais recensées, a précisé le maire Michael Nutter, laissant entendre que tous les corps avaient été retrouvés.

L'accident a également fait plus de 200 blessés, dont 43 se trouvaient toujours à l'hôpital jeudi en fin de matinée.

Parmi les 18 blessés encore soignés à l'hôpital Temple University, 8 sont dans un état grave, mais devraient s'en sortir, a précisé le chef de cet établissement.

Le président Barack Obama a présenté ses condoléances aux familles des victimes, promettant une enquête approfondie et une coopération «à tous les niveaux du gouvernement» pour découvrir précisément ce qui s'est passé.

Les causes exactes de l'accident ne sont pas encore connues, et par la voix de son avocat, le conducteur, lui-même blessé, a indiqué qu'il ne se souvenait pas de tous les événements.

Identifié dans les médias comme étant Brandon Bostian, un New-Yorkais de 32 ans, il «se souvient de conduire le train. Il se souvient se rendre dans cette zone d'une manière générale (mais) n'a absolument aucun souvenir de l'accident ou de quelque chose d'anormal», avait déclaré son avocat Robert Goggin sur ABC News mercredi soir.

Le conducteur, qui souffre d'une commotion cérébrale et d'une blessure à la tête, ne se souvient pas non plus d'avoir procédé à un freinage d'urgence en prenant le virage. «Il a dit qu'il arrivait sur un tronçon où la vitesse est limitée. (...) Et la chose dont il se souvient ensuite c'est de s'être réveillé et de chercher son téléphone», selon son avocat.

Conducteur «irresponsable»

Le maire Michael Nutter a estimé jeudi sur la chaîne CBS que le conducteur s'était montré «imprudent et irresponsable». «Je ne sais pas ce qui s'est passé avec lui», mais «il n'y a aucune excuse possible».

L'agence chargée de l'enquête, le NTSB, avait indiqué mercredi que le train avait pris un virage à 170 km/h. La vitesse est limitée à 80 km/h dans cette courbe et, juste avant, à 110 km/h, selon l'Agence ferroviaire fédérale.

Robert Sumwalt, un responsable du NTSB, a fait savoir jeudi en fin d'après-midi que le visionnage de la caméra embarquée, filmant vers l'avant du train, avait permis aux enquêteurs de «dresser une chronologie» et de mesurer la vitesse du train.

Ainsi, a-t-il détaillé, la rame circulait au-dessus de 110 km/h à 65 secondes de l'interruption des images pour grimper progressivement au-dessus de 170 km/h à l'entrée du virage. «Le train penchait de 10 degrés vers la droite» avant que les images ne s'arrêtent, a-t-il indiqué.

M. Sumwalt a également précisé qu'«aucune anomalie» n'a été signalée dans les rapports de vérification du train effectuée avant son départ d'Union Station, la gare de Washington.

La polémique enflait sur l'absence de système de limitation automatique de la vitesse des trains sur ce tronçon.

«Si un tel système avait été installé sur ce tronçon de voies, l'accident ne se serait pas produit», avait affirmé M. Sumwalt mercredi matin.

Le NTSB plaide depuis longtemps pour l'installation de ce système dont le Congrès a demandé la mise en place sur tout le réseau américain d'ici fin 2015, après un accident meurtrier à Los Angeles en 2008.

Le PDG d'Amtrak Joseph Boardman a assuré jeudi que son entreprise avait commencé à en installer dans les années 1990. Ils «fonctionnent entre Boston et New Haven. Mais nous avons dû changer beaucoup de choses sur ce couloir ferroviaire pour que cela fonctionne et nous sommes tout près d'avoir terminé», a-t-il promis.

Dans un communiqué en fin d'après-midi, l'exploitant ferroviaire a «pris toute la responsabilité (de l'accident) et s'excuse profondément pour notre rôle dans cette tragédie».

Amtrak a également précisé collaborer avec les familles de victimes en matière de transport et de logement ainsi que pour les frais médicaux et funéraires.

Le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner s'est défendu jeudi de vouloir réduire les financements d'Amtrak. La majorité républicaine au Congrès propose de réduire les subventions fédérales à Amtrak de 18% dans le budget 2016.

«C'est une question stupide. (...) Ce n'est pas une question de financement. Le train roulait à deux fois la vitesse autorisée», a plaidé M. Boehner.

Scott Lauman, 38 ans, qui vit non loin du lieu où s'est produite la catastrophe, a raconté à l'AFP qu'il prenait souvent le même train pour se rendre à New York, mais qu'il «n'allait jamais à 160 km/h dans la ville» de Philadelphie.

«C'est la partie la plus longue du trajet de traverser Philadelphie. Je ne comprends pas. J'espère juste que ce n'est pas de la négligence de la part du conducteur», a-t-il dit.

LE CONDUCTEUR NE SE SOUVIENT DE RIEN

Le conducteur du train qui a déraillé mardi soir à Philadelphie ne se souvient pas de l'accident, a affirmé son avocat sur la chaîne ABC News.

Le conducteur du train, qui roulait deux fois plus vite que la vitesse autorisée quand il est sorti des rails, a été identifié dans les médias comme étant Brandon Bostian, un New Yorkais de 32 ans.

M. Bostian «se souvient conduire le train. Il se souvient se rendre dans cette zone d'une manière générale (mais) n'a absolument aucun souvenir de l'accident ou de quelque chose d'anormal», a déclaré son avocat Robert Goggin sur ABC News mercredi soir.

«L'autre chose dont il se souvient c'est d'avoir été projeté, d'avoir repris ses esprits, d'avoir retrouvé son sac, pris son téléphone portable et appelé le 911», qui est le numéro d'urgence aux États-Unis, a ajouté l'avocat.

M. Bostian ne se souvient pas avoir procédé à un freinage d'urgence. «Il a dit qu'il arrivait sur un tronçon où la vitesse est limitée. (...) Et la chose dont il se souvient ensuite c'est de s'être réveillé et de chercher son téléphone», a rapporté son avocat.

M. Bostian a été «très bouleversé» d'apprendre par la suite ce qui était arrivé.

Il coopère avec les autorités, auxquelles il a donné un échantillon de son sang et remis son téléphone portable, selon son avocat.

Le conducteur souffre d'une commotion cérébrale et d'une blessure à la tête qui lui a valu 14 points de suture. Il a aussi été blessé aux jambes.

Le maire de Philadelphie Michael Nutter a estimé jeudi sur la chaîne CBS que le conducteur s'était montré «imprudent et irresponsable».

«Je ne sais pas ce qui s'est passé avec lui, ce qui s'est passé dans la cabine» de pilotage du train. «Il n'y a aucune excuse possible», a-t-il ajouté.

«Comme une bombe»

Selon le maire de Philadelphie Michael Nutter, la boîte noire est en cours d'analyses et le conducteur du train a été interrogé par la police. Mais, selon certains médias, il aurait refusé de parler directement à la police.

«Nous avons été victimes d'une tragédie», la pire en matière de déraillement depuis 50 ans, a déploré l'édile.

Après le déraillement, «c'était comme si une bombe avait explosé, comme le 11-Septembre», a raconté Scott Lauman, qui s'attendait à un bilan plus lourd au vu des dégâts matériels qu'il a constatés.

Depuis le toit d'un bâtiment industriel, des journalistes de l'AFP pouvaient voir à environ un kilomètre trois voitures couchées sur le bord de la voie, avec une grue déposant des équipements pour découper le métal enchevêtré.

Six voitures et la locomotive ont déraillé, trois étaient couchées et l'une d'elles était complètement déformée.

Sur les lieux du drame, Iwina Washington, 27 ans, a découvert un véritable film d'horreur. «Beaucoup de personnes sortaient (du train) comme des fous», avec du sang sur le visage, l'air abasourdi et perdu, a-t-elle raconté à l'AFP.

Selon les enquêteurs, toutes les voitures du train sauf deux vont être transférées en lieu sûr pour être examinées. L'équipage et des passagers vont être aussi interrogés.

Un centre d'accueil des familles des victimes a été installé sur place.

Le médecin-chef de l'hôpital Temple University Hospital de Philadelphie, Herbert Cushing, a précisé que son établissement soignait encore 23 personnes mercredi après-midi, dont huit dans un état grave, mais qui devraient survivre.

Ses services, qui n'ont pas traité d'enfants, ont soigné «beaucoup de personnes venant de l'étranger», a-t-il indiqué, citant l'Espagne, la Belgique, l'Allemagne, l'Inde et l'Albanie.

Le train effectuait la liaison Washington-New York, une ligne extrêmement fréquentée, mais à l'infrastructure vieillissante.

Les maires démocrate de New York Bill de Blasio et républicain d'Oklahoma City Mick Cornett ont plaidé dans le New York Times pour une hausse «significative» des investissements pour les infrastructures de transports, tout comme le sénateur démocrate du New Jersey Robert Menendez.

Mais la majorité républicaine au Congrès refuse les hausses de crédits réclamées par Barack Obama, et propose même de réduire les subventions fédérales à Amtrak de 18 % dans le budget 2016.

Le président Obama a fait part de son immense tristesse, saluant le travail des secours «qui travaillent sans relâche pour sauver des vies».

L'accident s'est produit dans le même secteur que l'une des plus graves catastrophes ferroviaires aux États-Unis: en septembre 1943, un train bondé avait déraillé près du même virage, faisant 79 morts et 117 blessés, à cause d'une défaillance mécanique.

- Avec La Presse canadienne