Les républicains majoritaires de la Chambre des représentants américaine ont fait adopter mercredi une proposition de loi interdisant les avortements au-delà de 20 semaines, vote emblématique de leur attachement à une cause conservatrice toujours aussi vivace.

Les représentants ont voté par 242 voix contre 184 en faveur de la loi. Tous les démocrates sauf 4 ont voté non; tous les républicains sauf 4 ont voté oui. Le texte n'a vraisemblablement aucune chance de devenir loi, en raison d'une obstruction probable au Sénat et de la possibilité d'un veto présidentiel.

L'avortement reste une question partisane au Congrès américain, les conservateurs présentant régulièrement des mesures, plus ou moins symboliques, pour limiter le droit à l'avortement.

«Nous n'avons pas de plus haute obligation que de parler pour ceux qui ne peuvent pas parler, et de défendre ceux qui sont sans-défense», a déclaré le président républicain de la Chambre, John Boehner, les larmes aux yeux.

La Cour suprême a légalisé l'avortement dans tous les États-Unis en 1973, et ce jusqu'à ce que le foetus soit viable, ce qui est généralement interprété par les États comme une durée de 24 semaines, bien que certains aient adopté des lois fixant la limite à 20 semaines après la fertilisation.

«Les avortements tardifs sont atrocement douloureux, et ils sont réalisés trop souvent dans notre pays», a déclaré la républicaine Virginia Foxx.

Le vote avait été fixé symboliquement au second anniversaire de la condamnation du médecin américain Kermit Gosnell pour le meurtre de trois nouveaux-nés au moyen de ciseaux, après une tentative ratée d'avortement tardif, des actes qui avaient horrifié l'Amérique. Il purge une peine de réclusion à perpétuité.

Les républicains ont nommé leur texte «Loi de protection de l'enfant non-né et capable de douleur» («Pain-Capable Unborn Child Protection Act»).

«Les femmes qui subissent cela le font avec douleur et angoisse, et voilà que nous autres, élus de cette chambre, nous enfilons nos blouses blanches», a répliqué la démocrate Jackie Speier.

Dans l'hémicycle, l'élue a raconté qu'elle avait elle-même subi deux avortements, à 10 et 17 semaines.

«Nous devons arrêter de jouer au docteur», a-t-elle exhorté ses collègues.

Les républicains estiment avoir l'opinion américaine de leur côté. Selon un sondage CBS News réalisé en mars, 38% des Américains estiment que l'IVG doit être généralement disponible, 34% souhaitent plus de restrictions, et 25% sont favorables à son interdiction.

Mais la proportion d'Américains désirant rendre l'avortement illégal est relativement stable depuis les années 1970, selon l'institut Gallup, à 22% en 1975 et 21% en 2014.