L'attaque avortée contre un festival de caricature de Mahomet au Texas évoque le scénario cauchemar des autorités américaines: l'Américain candidat au djihad passant soudainement à l'acte, malgré son repérage par la surveillance policière.

Plusieurs médias ont identifié l'un des auteurs de l'attaque avortée du Texas comme Elton Simpson, un résident de l'Arizona. L'homme de 31 ans avait déjà été condamné en 2011 à de la liberté surveillée, après avoir été accusé d'avoir voulu rejoindre un groupe extrémiste en Somalie.

Le mode opératoire de l'attaque ne montre pas a priori une grande expertise. Elton Simpson et son complice avaient des fusils d'assaut et des gilets pare-balles, selon la police. Mais ils ont été abattus après avoir commencé à tirer, encore loin de leurs cibles présumées, et par un policier normalement affecté à la surveillance routière qui n'avait que son arme de service.

Les autorités américaines «répètent souvent que la plus grosse menace vient des loups solitaires», des personnes virant à l'extrémisme sans pour autant faire partie de réseaux militants structurés, explique Max Abrahms, professeur de sciences politiques à la Northeastern university à Boston, et spécialistes du terrorisme.

D'une manière générale, l'expert se dit «surpris» qu'il n'y ait pas encore eu d'attaques meurtrières du groupe État islamique (EI) aux États-Unis, malgré la présence de celui-ci sur internet et les réseaux sociaux.

«Il est si facile de réussir une opération terroriste», a-t-il dit.

Interrogé récemment sur les «menaces qui l'empêchent de dormir», le directeur du FBI James Comey citait récemment «les gens qui sont peut-être chez eux en train de se radicaliser» et «que je ne vois pas».

Menace terroriste intérieure 

Le FBI annonce régulièrement l'arrestation et l'inculpation de candidats au terrorisme, dans des procédures utilisant souvent le procédé controversé des agents sous couverture, qui assistent ces extrémistes dans leurs projets avant de les faire arrêter au dernier moment.

Le 10 avril, le FBI a ainsi annoncé l'inculpation d'un jeune homme de 20 ans, originaire du Kansas, pour avoir projeté un attentat au véhicule piégé contre une base militaire dans cet État du centre des États-Unis.

Le jeune homme qui projetait l'attentat «soi-disant au nom du groupe État islamique», selon le procureur, a été arrêté au moment il s'apprêtait à faire exploser une bombe de 500 kilos, avec deux agents du FBI qu'il croyait ses complices.

La justice américaine juge aussi en ce moment Djokhar Tsarnaev, un jeune Américain de 21 ans, co-auteur avec son frère de l'attentat du marathon de Boston qui avait fait 3 morts et 264 blessés le 15 avril 2013.

En octobre, un Canadien de 32 ans radicalisé aux idées djihadistes, avait tué un soldat devant le monument aux morts d'Ottawa, à une centaine de mètres du Parlement. Il s'était ensuite précipité, toujours armé de son fusil, à l'intérieur du Parlement, avant d'être abattu au terme d'une fusillade avec les forces de sécurité.

Max Abrahms et d'autres experts invitent toutefois à ne pas surestimer la part de l'islamisme radical dans la menace terroriste intérieure aux États-Unis.

Selon un décompte de la Fondation New America, le terrorisme américain est resté jusqu'à maintenant plus inspiré par l'extrême droite que par l'islam. Les extrémistes de droite ont tué 34 personnes depuis le 11 septembre 2001, contre 21 morts imputables aux attaques se revendiquant de l'idéologie d'Al Qaïda, selon ce groupe de réflexion.