Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi soir à Baltimore après la mort d'un jeune Afro-Américain grièvement blessé lors de son arrestation, un incident qui a entraîné l'ouverture d'une enquête fédérale.

Freddie Gray, 25 ans, est mort des suites d'une fracture des vertèbres cervicales une semaine après avoir été arrêté le 12 avril et inculpé pour possession d'un couteau, ont indiqué les autorités locales. Selon plusieurs médias citant sa famille, son larynx était également brisé.

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Un millier de manifestants ont réclamé «Justice pour Freddie» et scandé «Pas de justice! pas de paix!». Dans la foule se trouvaient, selon les médias, plusieurs membres de la famille de la victime, dont sa mère.

«Nous avons une police pour laquelle c'est chasse ouverte aux hommes noirs dans cette ville», a déclaré Kendrick Scott, un manifestant, à CBS News.

Plusieurs jours après la mort de Gray, le voile n'était toujours pas levé sur les circonstances de l'incident du fait de la législation locale protégeant les forces de l'ordre, a regretté à plusieurs reprises Stephanie Rawlings-Blake, mairesse afro-américaine de Baltimore.

«Nous savons qu'il allait bien en entrant dans le fourgon de police, mais il n'avait plus de réaction à la sortie», a-t-elle notamment relevé sur CNN.

Sur une vidéo de l'arrestation dont le motif n'est toujours pas connu, on voit des policiers maintenir Freddie Gray contre le trottoir avant de l'embarquer dans un fourgon pendant qu'il crie.

Les résultats définitifs de l'autopsie devraient être connus dans une dizaine de jours.

Le ministère de la Justice a annoncé mardi soir l'ouverture d'une enquête fédérale pour déterminer si les droits civils du jeune homme avaient été lésés. Au total, trois enquêtes sont menées en parallèle : une par le bureau du procureur local, une par la police de Baltimore et désormais une par l'État fédéral.

Mme Rawlings-Blake, qui avait réclamé une enquête indépendante, a salué l'ouverture de l'enquête fédérale.

«Chaque fois que la police mène une enquête interne, il y a toujours des questions légitimes sur la transparence et l'impartialité», a-t-elle indiqué dans un communiqué. «Cet examen extérieur va nous aider à aller au fond des choses» concernant ce drame.

La police de Baltimore avait annoncé lundi que «plusieurs» agents avaient été suspendus avec salaire. Six noms ont été rendus publics mercredi matin, cinq hommes et une femme âgés de 25 à 45 ans et ayant rejoint cette force entre 1997 et 2012.

Le hasard a fait que le jour même de l'arrestation dramatique de Freddie Gray, Mme Rawlings-Blake défendait sur NBC son projet controversé localement d'équiper les policiers de minicaméras individuelles.

Un débat qui a refait surface après la mort de Walter Scott, un Noir abattu début avril dans le dos par un policier blanc en Caroline du Sud. Les circonstances exactes ont été révélées grâce à une vidéo filmée par un passant témoin de la scène.

La mairesse de Baltimore tente également d'obtenir des parlementaires du Maryland une loi sur la brutalité policière, a rapporté le Baltimore Sun, qui avait publié en septembre 2014 une enquête révélant que la ville avait payé près de 6 millions de dollars de dédommagements depuis 2011 dans 102 procédures civiles pour des actes de brutalité et autres mauvais comportements de policiers.

Selon les médias, le ministère de la Justice a lancé dès octobre une initiative de réforme collaborative avec le département de police de Baltimore et une première réunion publique a eu lieu le 16 avril, devant 300 personnes.

«Lorsqu'un mauvais comportement des forces de police est découvert, le ministère américain de la Justice dispose d'une panoplie d'outils pour réagir», avait expliqué en octobre Ronald Davis, responsable des questions policières au ministère.