Ils étaient 19, certains d'entre eux ayant déjà annoncé leur candidature à la présidence, les autres s'apprêtant à les imiter ou flirtant encore avec cette idée. Au cours du week-end, les Jeb Bush, Scott Walker, Rand Paul et tutti quanti ont participé à une réunion publique au New Hampshire, l'État qui tiendra au début de 2016 les premières primaires de la course à la Maison-Blanche. Leur cible favorite: Hillary Clinton.

Le contraste ne pourrait pas être plus grand entre les courses à l'investiture des deux grands partis américains pour la prochaine élection présidentielle. Chez les républicains, ça se bouscule au portillon, un signe de la vitalité et de la profondeur de la relève du Grand Old Party selon ses promoteurs les plus enthousiastes. Chez les démocrates, l'ancienne secrétaire d'État pourrait ne pas avoir d'adversaires sérieux, une perspective qui ne réjouit pas tous les démocrates.

Mais les aspirants républicains, tous autant qu'ils sont, ne risquent-ils pas de se causer du tort en se livrant à une surenchère d'attaques contre Hillary Clinton? Un tweet publié samedi sur le compte de Donald Trump, candidat potentiel à la présidence, illustre le danger. «Si Hillary Clinton ne peut satisfaire son mari, qu'est-ce qui lui fait penser qu'elle peut satisfaire l'Amérique», pouvait-on lire dans ce message écrit par un abonné du promoteur immobilier et cité par celui-ci avant d'être supprimé.

De toute évidence, Hillary Clinton est une cible irrésistible aux yeux de plusieurs républicains. Les organisateurs de la réunion du New Hampshire ont distribué aux spectateurs des autocollants sur lesquels était écrit «#StopHillary». Et ces derniers ont réservé quelques-uns de leurs applaudissements les plus nourris aux pointes décochées par les candidats à la démocrate.

À ce jeu-là, le sénateur du Kentucky, Rand Paul, semble avoir une longueur d'avance sur les autres.

«Je commence à m'inquiéter. Lorsque Clinton voyagera, elle aura besoin de deux avions - l'un pour elle et son entourage et un autre pour ses casseroles», a-t-il déclaré en faisant allusion aux «scandales» que traîne la démocrate selon lui.

Et l'affaire de Benghazi - l'attaque par des djihadistes libyens qui a coûté la vie à quatre Américains, dont l'ambassadeur Christopher Stevens, en septembre 2012 - figure en tête de ces «scandales», selon plusieurs candidats républicains, dont Rand Paul.

«Je pense que le manquement à son devoir, le fait qu'elle n'ait pas fait son boulot, qu'elle n'ait pas assuré la sécurité de nos diplomates, devrait l'empêcher d'accéder à une plus haute fonction», a déclaré le sénateur du Kentucky.

L'ancien gouverneur du Texas Rick Perry s'est attardé à un autre aspect du bilan d'Hillary Clinton à la tête de la diplomatie américaine: l'échec de la «réinitialisation» des relations avec la Russie.

«Elle a réussi à réinitialiser les relations américano-russes en les ramenant à ce qu'elles étaient avant 1989», a-t-il ironisé.

Le «troisième mandat d'Obama»

Le gouverneur du Wisconsin, Scott Walker, qui devance Jeb Bush dans certains sondages, a lancé de son côté une mise en garde contre l'espoir d'un retour à la prospérité des années 90 à la suite de l'élection d'Hillary Clinton à la présidence.

«Ce ne serait pas le troisième mandat de Bill Clinton. Ce serait le troisième mandat de Barack Obama», a-t-il dit.

D'autres républicains se sont moqués de la façon dont la candidate démocrate a lancé sa deuxième campagne présidentielle. De passage en Iowa la semaine dernière, celle-ci s'est mise à l'écoute des «Américains de tous les jours» lors de rencontres se voulant intimes.

«Sa tournée d'écoute me fait penser à quelque chose sortant de la Corée du Nord», a déclaré le sénateur de Caroline-du-Sud, Lindsey Graham. «Voulez-vous rencontrer notre chère leader et lui poser toutes les questions que vous voulez?», a-t-il ajouté sur un ton moqueur.

Des républicains moins critiques

Au moins deux républicains, Jeb Bush et le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, ont refusé d'en rajouter contre Hillary Clinton lors de la réunion du New Hampshire. Ils ont peut-être conclu que leur participation à cet assaut collectif nuirait à leur image et à leur message.

À l'opposé, Carly Fiorina, l'unique femme présente au New Hampshire parmi les candidats officiels et virtuels, semble croire que ses attaques féroces contre Hillary Clinton lui permettront de se distinguer.

«Clinton ne peut être présidente des États-Unis, non pas parce qu'elle est une femme. Hillary Clinton ne doit pas être présidente des États-Unis parce qu'elle n'a pas un bilan de réalisations», a déclaré l'ancienne patronne de Hewlett-Packard en reprochant à la démocrate de manquer de candeur, de transparence et de vision.

L'intéressée n'a pas encore réagi publiquement aux tirs de barrage républicains dont elle a été la cible au New Hampshire. Elle se rendra cependant dans cet État cette semaine pour poursuivre sa «tournée d'écoute», pour employer l'expression d'un de ses détracteurs.