Sur les routes de l'Iowa, Hillary Clinton a entamé un nouveau chapitre de sa longue carrière politique. La Maison-Blanche en tête, elle a affiché son bonheur d'être «de retour» parmi les Américains, tout en entretenant le flou sur son programme.

L'énergie singulière des débuts de campagne, l'envie de se lancer enfin après des mois de préparations: l'excitation était palpable à chacun de ses arrêts dans cet État clé, aux premiers jours de sa deuxième campagne présidentielle, après l'échec de 2008.

«Je suis ravie!», a-t-elle lancé mercredi dans un restaurant à Marshalltown, à 80 km de Des Moines, capitale de l'Iowa, État agricole de trois millions d'habitants situé au centre des États-Unis.

Rencontre après rencontre, l'ancienne secrétaire d'État, très à l'aise, a raconté le plaisir d'avoir fait le voyage par la route depuis New York, parlé du bonheur de «l'arrivée, enfin, du printemps». Visiblement en pleine forme, elle a évoqué la naissance de sa petite-fille pour expliquer sa démarche: «Je veux que tous les enfants dans ce pays aient leur chance et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles j'ai décidé d'être candidate».

«Mme Clinton semble déterminée à prouver - peut-être jusqu'à l'excès - qu'elle ne répétera pas les erreurs de sa campagne de 2008», résumait mercredi le New York Times.

Mais sur son programme, l'ex-sénatrice, âgée de 67 ans, est restée très discrète.

Face à des étudiants réunis à Monticello, elle a décliné quatre grands «combats»: construire «l'économie de demain», soutenir les familles, réparer un système politique «qui ne fonctionne plus», et protéger les États-Unis contre «les menaces que nous voyons et celles qui se profilent à l'horizon».

Mais interrogée à plusieurs reprises par des journalistes sur son calendrier ou son programme législatif, elle a simplement évoqué des propositions dans «les semaines et les mois à venir».

«Avant de présenter mes politiques, je veux écouter les gens qui sont en première ligne», a-t-elle avancé.

Candidate du changement? 

Seule petite piste: elle a affiché sa volonté de réformer le financement de la vie politique américaine, «même s'il faut un amendement de la constitution». Elle n'est cependant pas allée plus loin, nombre de candidats - Barack Obama en tête - ayant multiplié les promesses sans lendemain sur ce sujet.

La référence à cet engagement non tenu de son ancien rival renvoie à un défi de taille auquel la candidate démocrate devra répondre: comment, dans les 18 mois de campagne à venir, se positionner vis-à-vis de Barack Obama, trouver le ton juste?

«Il est extrêmement difficile, après une présidence de deux mandats (du même parti), de se présenter comme le candidat du changement», souligne Brendan Nyhan, professeur de Sciences politiques au Dartmouth College.

«Al Gore a essayé et cela n'a pas très bien fonctionné», ajoute-t-il en référence à la campagne de l'ancien vice-président de Bill Clinton, battu en 2000, à l'issue d'un scrutin extrêmement serré, alors qu'il tentait de succéder à ce dernier.

A l'exception du républicain George H. W. Bush, élu en 1988 après deux mandats de Ronald Reagan, aucun parti n'a réussi a conserver la Maison-Blanche sur trois mandats successifs depuis la Seconde guerre mondiale.

Pour le moment, ses adversaires politiques concentrent leurs attaques sur la forme, dénonçant une mise en scène artificielle qui -assurent-ils - se fissurera d'ici l'élection de novembre 2016. Et, au moment où l'ex-First Lady tente de se projeter vers l'avenir, ils lui rappellent inlassablement son passé.

Le président du parti républicain pour l'Iowa, Jeff Kaufmann, a accueilli l'arrivée de l'archi-favorite du camp démocrate par une série de questions: «Comment une personne qui est au coeur des intrigues de Washington depuis des décennies peut-elle offrir une nouvelle approche?».

La candidate démocrate, sans rival de taille dans son camp alors que les nombreux candidats républicains se préparent à une âpre primaire, devait rejoindre la côte Est jeudi. En avion cette fois.

Elle a promis de revenir «souvent» dans l'Iowa, qui occupe une place à part dans la géographie et l'histoire politique américaine. Il accueille les premières consultations d'électeurs pour la primaire des deux grands partis, donnant souvent le ton pour la suite.