Un jeune homme soupçonné de préparer un attentat-suicide contre une base militaire aux États-Unis au nom, selon lui, du groupe État islamique, a été arrêté et inculpé vendredi au moment où il allait mettre son projet à exécution, au terme d'une opération d'infiltration du FBI.

L'homme, John Booker, 20 ans, originaire de Topeka (capitale du Kansas, centre des États-Unis), a été arrêté et inculpé vendredi pour avoir projeté un attentat au véhicule piégé contre la base de Fort Riley qui abrite la Première division d'infanterie, près de Manhattan, au Kansas, a précisé le ministère de la Justice.

Le jeune homme, également présenté dans les documents de justice comme Mohammed Abdullah Hassan, s'apprêtait à faire exploser ce qu'il croyait être une bombe de près de 500 kg, qu'il ne savait pas inerte, en présence de deux agents de la police fédérale FBI qu'il croyait ses complices.

Barry Grissom, procureur fédéral de cet État, a indiqué lors d'une conférence de presse à Kansas City que le public ou les militaires n'avaient jamais été mis en danger. «Sans qu'il le sache, les matériaux utilisés pour fabriquer la bombe étaient inertes», a-t-il expliqué.

L'homme, qui projetait l'attentat «soi-disant au nom du groupe État islamique» (EI), selon le procureur, devait comparaître dans la journée devant une cour fédérale de Topeka.

Il a été inculpé de tentative d'utiliser une arme de destruction massive, tentative d'atteinte à la propriété avec un explosif, et tentative d'aide à une organisation terroriste étrangère. Il risque la prison à vie.

Le jeune homme avait été interrogé, puis placé sous la surveillance du FBI depuis qu'il avait publié sur Facebook en mars 2014 des messages de soutien au djihad.

Fin 2014, il avait précisé ses menaces après avoir rencontré un, puis deux, agents du FBI se faisant passer pour des complices.

Il avait à de nombreuses reprises déclaré qu'il voulait tuer des militaires américains en se disant d'abord proche de l'organisation terroriste Al-Qaïda, selon le témoignage du FBI publié par le ministère de la Justice.

Allégeance à Al-Baghdadi

Booker avait confié à l'un des agents qu'il rêvait d'aller au Moyen-Orient rejoindre le groupe État islamique mais ne connaissait personne pour l'y aider, et qu'il voulait mourir en martyr.

Après avoir été présenté au second agent du FBI, censé être un «cheikh de haut rang projetant des attentats aux États-Unis», Booker avait opté pour un attentat-suicide contre une base militaire parce qu'ainsi, il «ne pouvait pas être capturé, toutes les preuves seraient détruites et il était sûr d'atteindre son objectif», selon le FBI.

Il avait commencé à acheter des composants pour fabriquer une bombe, enregistré une vidéo revendiquant son attentat et proclamant son allégeance à l'organisation État islamique et son chef Abou Bakr al-Baghdadi.

«A toutes les mères, filles, frères, soeurs et amis de soldats américains, faites-en sortir vos gosses, ceux que vous aimez de l'armée (...) parce que nous venons les chercher, nous voulons leur sang et il est +halal+ (permis) pour nous de les tuer», disait-il dans la vidéo démarrée en arabe et poursuivie en anglais.

John Booker avait tenté de rejoindre les rangs de l'armée en 2014 avec l'intention de mener un attentat en son sein, mais cette entrée lui avait été refusée après son interrogatoire par la police fédérale.

La semaine dernière, deux femmes s'identifiant à l'EI ont été arrêtées à New York, accusées de vouloir fabriquer une bombe pour commettre un attentat aux États-Unis. Elles étaient suivies par un agent du FBI sous couverture depuis 2013.

Un autre New-Yorkais a été arrêté mardi, soupçonné d'avoir voulu soutenir les djihadistes de l'EI, avec trois autres suspects, deux Ouzbeks et un Kazah, poursuivis du même chef.

Jeudi, c'est un jeune Américain de 34 ans originaire du Wisconsin (nord) qui a été arrêté et inculpé pour avoir cherché à rejoindre les rangs de l'EI.

Fin février, le directeur du FBI James Comey avait déclaré que la police fédérale enquêtait sur des sympathisants plus ou moins radicalisés de l'EI dans les 50 États américains.

L'an dernier, dans un rapport, l'organisation Human Rights Watch (HRW) avait accusé le FBI de pousser des citoyens à commettre des attentats, ayant dans certains cas «transformé en terroristes des individus respectueux de la loi».