Le gouverneur républicain de l'Indiana, dans le nord des États-Unis, a cédé mardi aux pressions émanant de tout le pays et annoncé qu'une loi récente sur la liberté de religion serait amendée pour interdire toute discrimination, notamment contre les homosexuels.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Mais en même temps, ignorant la controverse nationale, les élus locaux d'un autre État, l'Arkansas, ont adopté une loi similaire, qui doit être promulguée par le gouverneur républicain.

La loi pour la «restauration de la liberté de religion», promulguée jeudi dans l'Indiana et inspirée de textes adoptés dans 19 autres États, contient un article permettant à un particulier ou une entreprise d'invoquer une entrave «substantielle» à sa liberté de religion pour sa défense dans un procès.

Pour les associations de défense des droits des homosexuels, la loi offre ainsi une défense à un commerçant qui refuserait de servir des clients gays en raison de ses convictions religieuses, par exemple un fleuriste qui refuserait de travailler pour le mariage de deux femmes.

Mike Pence, gouverneur de l'Indiana, a souligné que «cette loi ne crée pas de permis de refuser de servir des couples gays et lesbiens», lors d'une conférence de presse.

Il a martelé que la loi visait à protéger l'exercice de la religion de chaque citoyen devant la justice de l'Indiana, où le mariage entre personnes de même sexe est par ailleurs légalisé depuis octobre 2014.

Mais, reconnaissant l'impact sur l'image de son État, il a dit être «arrivé à la conclusion qu'il serait utile d'adopter une législation cette semaine pour clarifier que cette loi ne donne pas le droit aux entreprises de refuser un service à quiconque».

Les milieux des entreprises, du sport et du cinéma s'étaient émus de la loi et de nombreuses personnalités avaient engagé une campagne pour la changer, au-delà des seules associations homosexuelles et des démocrates.

Du propriétaire des Colts, l'équipe de football américain d'Indianapolis, à plusieurs grandes entreprises installées dans l'État, en passant par la Silicon Valley (Apple, PayPal, Salesforce.com, Yelp...), de nombreux patrons et entreprises ont condamné la loi, voire menacé de boycotter l'Indiana.

«Nous avons passé 30 ou 40 ans à bâtir notre réputation de grande ville pour les conventions et pour les événements sportifs», a déploré mardi le maire républicain d'Indianapolis, Greg Ballard, sur la radio NPR. «On ne peut pas laisser (cette loi) nous blesser comme elle l'a fait».

Le débat a aussi gagné la classe politique nationale.

Les prétendants républicains officieux à la Maison-Blanche comme Jeb Bush et Marco Rubio ont pris position en faveur de la loi, tandis qu'Hillary Clinton, dans un message retweeté 13 000 fois, a trouvé «triste que cette nouvelle loi de l'Indiana puisse arriver aujourd'hui en Amérique».

La Maison-Blanche a argué que la loi de l'Indiana allait beaucoup plus loin qu'une loi fédérale de 1993 portant le même nom car elle élargit les protections religieuses aux transactions privées, et non plus seulement aux différends avec l'État.

«Des chefs d'entreprises disent qu'ils sont réticents à travailler dans un État où leurs clients ou même leurs employés pourraient faire l'objet de plus de discrimination seulement à cause de la personne qu'ils aiment», a dit le porte-parole de l'exécutif, Josh Earnest.