Trois résidents new-yorkais originaires d'Asie centrale, dont deux s'apprêtaient à partir en Syrie, ont été arrêtés et accusés mercredi à New York de soutenir le groupe djihadiste de l'État islamique (EI).

Il s'agit de deux Ouzbeks et d'un Kazakh, ont précisé les autorités, qui ont ajouté que les deux hommes qui voulaient partir en Syrie étaient aussi prêts à mener des attentats aux États-Unis, notamment contre les forces de l'ordre, s'ils ne réussissaient pas à rejoindre l'EI.

C'est la première fois que les autorités new-yorkaises annoncent l'arrestation de personnes cherchant à rejoindre l'EI en Syrie, un phénomène qui inquiète de nombreux pays occidentaux.

Mais le directeur du FBI James Comey a révélé mercredi que la police fédérale enquêtait sur de possibles sympathisants de l'EI dans les 50 États américains.

Le plus jeune des hommes arrêtés mercredi est un Kazakh de 19 ans identifié comme Akhror Saidakhmetov. Il a été arrêté alors qu'il essayait de prendre un avion pour la Turquie, à l'aéroport Kennedy à New York.

Abdurasul Hasanovich Juraboev, Ouzbek de 24 ans, avait aussi acheté un billet d'avion de New York à Istanbul et devait quitter les États-Unis en mars, selon la procureure de Brooklyn Loretta Lynch.

Un troisième homme, un Ouzbek de 30 ans identifié comme Abror Habibov, a été arrêté, à Jacksonville en Floride. Il est accusé d'avoir financé Saidakhmetov, qui était l'un de ses employés, en lui payant son billet d'avion.

Les trois hommes, qui habitaient à Brooklyn, ont été accusés de complot visant à soutenir une organisation terroriste étrangère. Saidakhmetov et Juraboev devaient comparaître mercredi après-midi à Brooklyn et Habibov à Jacksonville.

Ils risquent jusqu'à 15 ans de prison.

Selon Mme Lynch, Juraboev et Saidakhmetov «avaient monté un plan pour se rendre en Turquie, et de là en Syrie, pour rejoindre le djihad au nom de l'État islamique».

Et s'ils n'y parvenaient pas, ils «prévoyaient de commettre des actes de terrorisme ici, en Amérique (...), y compris tuer des agents du FBI», a déclaré le directeur-adjoint du FBI à New York, Diego Rodriguez.

«C'est sérieux», a insisté le chef de la police de New York Bill Bratton, dénonçant pendant une conférence de presse la propagande de l'EI sur les réseaux sociaux pour inciter à partir vers la Syrie ou «encourager des attentats où que vous viviez».

«Le flot de combattants étrangers en Syrie représente une menace en évolution pour notre pays et nos alliés», a déclaré Mme Lynch.

Prêt à tuer le président Obama 

Les autorités avaient commencé à s'intéresser à Juraboev en août dernier, après qu'il eut posté des commentaires sur un site ouzbek relayant l'idéologie de l'EI.

Il s'y était dit prêt à tuer Barack Obama si l'EI le lui ordonnait et à mourir en «martyr», selon l'acte d'accusation.

Interrogé par le FBI à la mi-août, il avait reconnu avoir posté ces messages, et dit qu'il soutenait les idées de l'EI. Il avait ajouté qu'il aimerait se rendre en Syrie mais n'en avait pas les moyens.

Il avait été interrogé à nouveau trois jours plus tard chez lui. Il avait précisé qu'il était prêt à tuer le président américain pour «Allah», et que si on lui demandait, il irait aussi déposer une bombe à Coney Island, un quartier populaire de Brooklyn.

Saidakhmetov fréquentait le même site internet, où il avait référencé début août une vidéo montrant des exécutions de troupes irakiennes par l'EI.

Il avait aussi fait part de son intention d'acheter une mitrailleuse légère, pour tuer des policiers et des agents du FBI, si son plan pour rejoindre l'EI échouait, selon Mme Lynch.

Peu après l'annonce de ces trois arrestations, le directeur du FBI James Comey a déclaré que la police fédérale enquêtait sur des sympathisants plus ou moins radicalisés de l'EI dans les 50 États américains. «Ce n'est pas un phénomène limité à New York et Washington», a-t-il insisté, «et c'est très difficile à voir».

L'administration américaine a récemment estimé que 20 000 combattants étrangers avaient rejoint la Syrie, en provenance de 90 pays. Un nombre «sans précédent» par rapport à ce qui s'est passé en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, selon Nicolas Rasmussen, directeur du Centre national de l'antiterrorisme (NCTC).

Au moins 3400 combattants étrangers viendraient de pays occidentaux qui essayent tant bien que mal de freiner ces départs, et s'inquiètent du retour possible de ces djihadistes.

En début de semaine, six Français qui s'apprêtaient à partir en Syrie ont ainsi vu leurs passeports confisqués.

Le mois dernier, l'ONG International Crisis Group avait aussi affirmé que l'EI attirait de plus en plus de ressortissants d'Asie centrale. Selon elle, de «2 à 4000 citoyens» des pays de cette région (Kazakhstan, Kirghizistan, Turkménistan, Tadjikistan, Ouzbékistan) sont partis combattre.