Comme l'indique le titre de ses mémoires parus hier - Believer -, David Axelrod n'a perdu la foi ni en ses idéaux ni en Barack Obama, dont il a favorisé l'ascension politique et l'élection à la présidence à titre de conseiller. Mais les révélations de son livre ne font pas toutes bien paraître son «grand ami». En voici quatre.

Mariage homosexuel

De nombreux Américains s'en doutaient, mais David Axelrod le confirme: lors de sa première campagne présidentielle, Barack Obama a exprimé son opposition au mariage gai, non pas par conviction personnelle, mais par calcul politique. «L'opposition au mariage gai était particulièrement forte au sein de l'Église noire, et en briguant des fonctions supérieures, il a accepté à contrecoeur les conseils de gens pragmatiques comme moi et modifié sa position pour appuyer les unions civiles plutôt que le mariage, qu'il allait qualifier d'«union sacrée».» Selon Axelrod, Obama n'a cependant jamais défendu cette position avec conviction. Après un débat, le candidat lui aurait d'ailleurs dit: «Raconter des conneries n'est pas mon fort.» En 2012, Obama est devenu le premier président à se prononcer en faveur du mariage gai.

Benyamin Nétanyahou

«Depuis presque son premier jour en poste, [Obama] avait poussé les Israéliens et les Palestiniens vers une solution à deux États, mais ses efforts, comme ceux des présidents avant lui, s'étaient échoués sur les écueils de la politique du Moyen-Orient», écrit David Axelrod dans ses mémoires. Selon l'auteur, l'attitude des deux parties frustrait le président américain au plus haut point. Mais celui-ci «avait le sentiment d'avoir retenu ses coups à l'endroit du [premier ministre israélien Benyamin] Nétanyahou afin d'éviter de contrarier des éléments de la communauté juive américaine», écrit Axelrod, lui-même né au sein d'une famille juive de New York. De toute évidence, les ménagements d'Obama à l'égard de Nétanyahou n'ont pas eu pour effet d'améliorer leurs relations, comme l'illustre bien l'actualité.

Mitt Romney

Mitt Romney est au bout du fil. Il appelle Barack Obama pour concéder la victoire le soir de l'élection présidentielle de 2012. Présent aux côtés du président, David Axelrod décrit son attitude et sa réaction pendant et après la conversation. «Il n'était pas souriant durant l'appel et légèrement irrité quand celui-ci a pris fin», écrit l'auteur de Believer. En parlant de Romney, Obama confiera à son entourage: «Il a dit: «Nous sommes surpris. Vous avez abattu du bon boulot pour faire sortir le vote dans des endroits comme Cleveland et Milwaukee.» Autrement dit, les Noirs [ont fait la différence]. À son avis, tout s'est joué là.» Un membre de l'entourage de Romney a nié que celui-ci ait tenu les propos que lui prête Axelrod.

Maureen Dowd

Une des seules critiques que se permet David Axelrod à propos de Barack Obama est la suivante: le président a du mal à dissimuler un «soupçon de supériorité morale et de dédain» à l'égard des politiciens. Le conseiller laisse entendre que cette attitude a nui à Obama. Mais cette attitude, le président ne la réserve pas aux politiciens. L'auteur de Believer se souvient d'une rencontre «gênante» en 2008, au cours de laquelle le sénateur de l'Illinois, «d'ordinaire poli en toutes circonstances», s'était montré «irrespectueux et condescendant» à l'égard de Maureen Dowd, chroniqueuse-vedette du New York Times, dont l'un des articles lui avait déplu. Après cette rencontre, Dowd allait continuer «à psychanalyser Barack et à le rabaisser dans ses écrits, ce qui n'a fait qu'approfondir son mépris» envers elle, écrit Axelrod.