Le créateur du site Silk Road, considéré un temps comme le plus grand site de vente de drogues en ligne au monde, a été reconnu coupable mercredi à New York, où il risque désormais la prison à vie.

Il n'a fallu que quelques heures aux jurés pour déclarer Ross Ulbricht, 30 ans, coupable des sept chefs d'accusation retenus contre lui, dont blanchiment d'argent, trafic de stupéfiants, entreprise criminelle et piratage informatique.

Il avait amassé selon l'accusation une fortune de 18 millions de dollars grâce à Silk Road, site en ligne clandestin parfois surnommé «l'eBay de la drogue», qui avait enregistré plus d'un million de transactions de drogue en trois ans, selon l'accusation.

Créé en 2011, Silk Road permettait notamment d'acquérir héroïne, cocaïne ou LSD grâce à la monnaie virtuelle bitcoin, en garantissant l'anonymat à ses dizaines de milliers d'acheteurs à travers le monde.

On y trouvait aussi des kits de piratage, des faux papiers, ou encore des services de tueurs à gage, d'après l'accusation qui soupçonnait également M. Ulbricht d'avoir commandité six assassinats dans son entourage, pour protéger le secret entourant les transactions du site.

Rien n'a cependant établi que ces meurtres aient eu lieu.

Ulbricht, accusé d'avoir dirigé le «plus grand et le plus sophistiqué marché noir de la criminalité sur internet», avait été interpellé en octobre 2013 à San Francisco et transféré à New York. Le site avait été fermé par le FBI.

Lors de son procès qui avait commencé le mois dernier à New York, il avait plaidé non coupable des sept chefs d'accusation retenus contre lui.

«L'anonymat présumé du dark web n'est pas un bouclier protégeant des arrestations et des poursuites», a déclaré le procureur fédéral de Manhattan Preet Bharara après la décision des jurés.

«L'arrestation et la condamnation d'Ulbricht - et notre saisie de millions de dollars de bitcoins Silk Road - doivent envoyer un message clair à quiconque essaie d'opérer une entreprise criminelle en ligne», a ajouté le procureur.

L'avocat d'Ulbricht, Joshua Dratel, avait en vain essayé de convaincre les jurés qu'il n'était pas le vrai cerveau du site, mais les jurés ont estimé qu'il était bien «Dread Pirate Roberts», le pseudonyme derrière lequel se cachait l'opérateur du site.

Sa famille et ses amis, persuadés de son innocence, avaient établi un site «Libérez Ross», ayant récolté plus de 300 000 dollars pour sa défense.