Des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux américains dans les services de sécurité et d'immigration pourraient être privés de salaires à la fin du mois à cause d'un conflit très partisan sur des régularisations de sans-papiers annoncées par Barack Obama.

Les démocrates du Sénat américain ont temporairement bloqué mardi, lors d'un vote par 51 voix 48, le débat sur la loi de financement du département de la Sécurité intérieure, dont les crédits seront épuisés le 27 février. Dans la chambre haute du Congrès, le parti minoritaire peut faire obstruction à tout avec 41 voix sur 100.

La raison de leur obstruction? L'ajout, par les républicains, de mesures annulant le plan de régularisation temporaire de sans-papiers annoncé par Barack Obama le 20 novembre, priorité du président américain.

Plus de cinq millions d'étrangers en situation irrégulière pourraient profiter du programme et obtenir des permis de travail de trois ans, mais les républicains déplorent une «amnistie» générale et un abus de pouvoir de l'exécutif.

À ce stade, c'est l'impasse. Les républicains dénoncent le blocage des démocrates, qui accusent en retour la majorité de manipuler un enjeu de sécurité nationale dans un but politique.

«La démocratie, ça ne marche pas si vous refusez de débattre», a déploré le sénateur républicain Roy Blunt.

«Nous voulons bien débattre de la Sécurité intérieure, mais pas avec un pistolet sur la tempe ou celle du président», a dit le démocrate Charles Schumer.

L'heure tourne et si d'ici le 27 février le Congrès n'a toujours rien adopté, les fonctionnaires de la Sécurité intérieure seront contraints d'aller travailler sans être payés.

Lundi, Barack Obama en a dressé la liste: plus de 40 000 agents de la police aux frontières et des douanes, 50 000 agents de contrôle dans les aéroports, 13 000 dans les services d'immigration et 40 000 garde-côtes.

«Les hommes et femmes de l'appareil de sécurité intérieure des États-Unis font un travail important pour nous protéger, et les républicains et les démocrates du Congrès doivent cesser leurs jeux politiques», a dit le président américain.

L'affrontement rappelle l'épisode notoire du «shutdown» d'octobre 2013, un bras de fer qui avait conduit à la mise au chômage technique de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux.

Les chefs républicains insistent aujourd'hui sur le fait qu'un tel scénario catastrophe ne se reproduira pas, a fortiori dans un contexte de menaces djihadistes. Ils conviennent implicitement que leur stratégie a peu de chance de réussir, mais le débat leur permet de décrire une nouvelle fois Barack Obama comme un «monarque» réécrivant les lois à la place du Congrès.