Le républicain Mitt Romney, battu par Barack Obama en 2012, ne sera pas candidat à la Maison-Blanche en 2016, a-t-il annoncé vendredi, une bonne nouvelle pour un autre candidat quasiment déclaré, Jeb Bush.

«Après avoir réfléchi considérablement à une nouvelle candidature à la présidence, j'ai décidé qu'il était mieux de donner une chance à d'autres leaders du parti de devenir notre prochain candidat», a déclaré Mitt Romney lors d'une conférence téléphonique avec ses soutiens.

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«Vous savez que j'ai voulu devenir président. Mais je ne veux pas rendre les choses plus difficiles pour qu'un autre candidat émerge avec de meilleures chances d'être élu président», a justifié Mitt Romney.

«Vous ne pouvez pas imaginer à quel point il est difficile pour Ann et moi de nous retirer, surtout face à votre soutien et à celui de tant de personnes à travers le pays. Mais nous estimons que c'est la meilleure solution pour le parti et le pays».

Mitt Romney a perdu les primaires républicaines de 2008, et s'est fait battre par Barack Obama en 2012. Le diagnostic de sa dernière campagne fait l'unanimité de la classe politique: l'ancien homme d'affaires, millionnaire, n'a pas réussi à séduire assez d'électeurs au-delà de la base traditionnelle du parti républicain, des électeurs blancs et ruraux.

Ses commentaires filmés en cachette sur les bénéficiaires d'aides sociales, clientèle supposée éternelle du parti démocrate, quelques mois avant l'élection de 2012, avaient renforcé son image de candidat des riches - le fameux épisode des «47%» d'Américains vivant dans l'assistanat.

Mais début janvier, il avait commencé à décrocher son téléphone pour renouer le contact avec conseillers, amis, donateurs, patrons, pour leur signaler son intérêt pour une nouvelle candidature.

Sa position très forte dans les enquêtes d'opinion parmi les électeurs républicains n'y est pas pour rien, un facteur qu'il a mentionné vendredi dans sa déclaration.

Mais il a décidé de laisser le champ libre à une nouvelle génération de républicains. Mitt Romney a 67 ans, le même âge qu'Hillary Clinton.

Jeb Bush

Second dans les enquêtes d'opinion, l'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush pourrait profiter du retrait de Mitt Romney. Les deux hommes s'étaient d'ailleurs rencontrés la semaine dernière dans l'Utah, où les Romney ont une maison.

«Je suis sûr que la décision d'aujourd'hui n'était pas facile, mais je sais que Mitt Romney ne cessera jamais de se battre pour renouveler la promesse américaine en encourageant l'ascenseur social et la libre entreprise, et en renforçant notre défense nationale», a écrit sur Facebook Jeb Bush moins de trente minutes après l'annonce de Mitt Romney.

«Mitt est un patriote et je me joins aux nombreuses personnes qui espèrent qu'il continuera à servir notre pays et notre parti», a ajouté Jeb Bush.

Le frère de l'ancien président George W. Bush et fils de Bush père, âgé de 61 ans, est le plus avancé des éventuels prétendants républicains à l'investiture. Il a annoncé le 16 décembre qu'il «explorait activement» la possibilité d'une candidature, ce qui prend l'allure d'une pré-campagne.

Il a mis en place un comité politique (PAC, selon l'acronyme anglais), Right to Rise («Droit de s'élever»), qui lui permet de lever des fonds et de sillonner le pays. Sur Facebook, il publie régulièrement des messages et de courtes vidéos.

«La politique est un jeu à somme nulle», dit à l'AFP Peter Brown, de l'institut de sondage de l'Université Quinnipiac. «Jeb Bush est le gagnant, il vient de perdre son concurrent le plus dangereux pour incarner l'aile centre-droit du parti républicain».

Son positionnement, plus au centre que l'aile ultra-conservatrice du parti républicain, lui fait prendre des risques aux primaires, où les militants conservateurs ont davantage de poids.

Favorable à des régularisations massives de sans-papiers, partisan d'une ambitieuse réforme du système éducatif, Jeb Bush est déjà la cible du Tea Party.

Les primaires du parti républicain débuteront début 2016 dans le petit État rural de l'Iowa. Au moins une douzaine de républicains envisagent de se lancer, la plupart ayant repoussé toute annonce au printemps prochain.

Quant à Hillary Clinton, favorite des primaires démocrates, la discrétion domine. Selon Politico, l'ancienne secrétaire d'État pourrait ne se déclarer qu'en juillet.