Un ancien responsable de la CIA a été reconnu coupable lundi à Alexandria, en Virginie, d'avoir fourni des informations classifiées concernant le nucléaire iranien à un journaliste du New York Times, a annoncé le ministère de la Justice.

Jeffrey Sterling, 47 ans, a été reconnu coupable de neuf chefs d'accusation, dont la révélation illégale d'informations secret défense et l'obstruction à la justice, a annoncé le ministère de la Justice.

La juge fédérale Leonie Brinkema a rendu un verdict de culpabilité d'un jury populaire. Inculpé en décembre 2010 et arrêté en janvier 2011, Jeffrey Sterling a été laissé en liberté sous caution en attendant que sa peine soit annoncée le 24 avril.

L'affaire concerne une opération de la CIA en Iran sur laquelle le journaliste James Risen, du New York Times, a rédigé un compte-rendu dans son livre State of War en 2006.

Employé à la CIA de mai 1993 à janvier 2002, Sterling avait été chargé d'une opération clandestine visant à déstabiliser le programme d'armement nucléaire iranien, dont des éléments confidentiels ont été retrouvés dans l'ouvrage du reporter.

«C'est une conclusion juste et appropriée», a estimé le ministre de la Justice Eric Holder, dans un communiqué. «Comme ce verdict le prouve, il est possible de poursuivre pleinement des fuites illégales qui portent préjudice à notre sécurité nationale sans entraver la capacité des journalistes à faire leur travail», a-t-il estimé.

Le ministre a ajouté que ces révélations «d'informations classifiées ont mis en péril des opérations entreprises pour défendre la sécurité nationale de l'Amérique. Ces fuites ont mis des vies en danger. Et elles constituent une rupture scandaleuse de la confiance du public en quelqu'un qui a fait le serment de la respecter».

Jeffrey Sterling «a violé son serment de protéger les secrets de notre nation et il a trahi notre pays», a fustigé également le directeur du FBI James Comey, dans le même communiqué.

Par ses fonctions, Jeffrey Sterling s'était engagé à ne laisser filtrer aucune information classée secret défense aux personnes «non autorisées», parmi lesquelles les médias.

La responsabilité de l'opération sur le nucléaire iranien lui avait été retirée en août 2000, date à laquelle il avait entamé une procédure civile et administrative contre la CIA. «Des preuves au procès ont montré que Sterling a dévoilé des informations sur l'opération, en réaction au refus de la CIA de résoudre les litiges en des termes qui lui soient favorables», selon le même communiqué.

À partir de février et mars 2003, Sterling a passé plusieurs coups de fil au domicile du journaliste, et était resté en contact jusqu'en novembre 2005 via téléphone et courriel, selon des éléments montrés au procès.

James Risen, journaliste auréolé du prestigieux prix Pulitzer, avait été cité à comparaître en 2008 puis en 2011 pour témoigner au procès de Jeffrey Sterling mais, sommé de révéler le nom de sa source, il avait toujours refusé ces convocations. Le 13 janvier, le ministère de la Justice avait décidé que le journaliste n'aurait finalement pas à témoigner.

Photo: AP

James Risen