Le secrétaire d'État américain John Kerry a appelé vendredi à Davos la communauté internationale à combattre le «terrorisme» et se rendra dimanche au Nigeria, pays aux prises avec l'insurrection du groupe islamiste armé Boko Haram.

C'est John Kerry lui-même qui a d'abord évoqué à la tribune du Forum économique mondial dans la station suisse un voyage dans «quelques jours» au Nigeria, le premier d'un chef de la diplomatie américaine depuis la visite à Abuja de Hillary Clinton à l'été 2012.

La porte-parole du département d'État, Marie Harf, a ensuite confirmé que le secrétaire d'État serait dimanche à Lagos, la capitale économique du géant africain. Il y rencontrera le président Goodluck Johnathan et son opposant, l'ex-général Muhammadu Buhari, à trois semaines des élections présidentielles et législatives du 14 février et en pleine vague de violences de Boko Haram.

Puis, à la tribune de Davos, M. Kerry a secoué son auditoire, des milliers de décideurs économiques et politiques, sur la lutte contre ce que Washington appelle «l'extrémisme violent».

Dans un discours fort, il a asséné à la foule de ces hommes et femmes les plus puissants du monde une litanie d'atrocités commises au Pakistan, au Nigeria, en Syrie ou en Irak, parlant d'enfants massacrés et de la folie meurtrière des bourreaux, citant le groupe État islamique ou son acronyme arabe Daech, Al-Qaïda et Boko Haram.

«Ces atrocités ne peuvent jamais être rationalisées», a-t-il poursuivi. «On doit s'y opposer par toutes les fibres de notre être».

Alors qu'une coalition internationale d'une soixantaine de pays se bat contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie, «notre défi est plus grand que Daech», a insisté M. Kerry.

«Nous devons être plus forts en Somalie, redoubler d'efforts et mettre fin à la violence au Nigeria, c'est pour cette raison que je m'y rendrai dans quelques jours», a martelé le secrétaire d'État.

Washington est un allié d'Abuja dans la lutte contre Boko Haram et y a dépêché au printemps dernier des conseillers militaires et civils pour tenter de retrouver les quelque 200 écolières enlevées par le groupe islamiste. Sans succès jusqu'à présent.

John Kerry est à Davos jusqu'à samedi après avoir réuni jeudi à Londres, avec son homologue britannique Philip Hammond, une vingtaine de pays de la coalition internationale contre l'EI, dont l'Irak représenté par Haïdar al-Abadi.

«L'extrémisme violent frappe partout sur la planète, fauchant des vies, en majorité celles de musulmans», a rappelé le chef de la diplomatie américaine.

Dans la lutte antiterroriste internationale que M. Kerry appelle à renforcer, «il n'y pas de place pour les divisions confessionnelles, pas de place pour l'antisémitisme ou l'islamophobie».

«La plus grande erreur que nous puissions faire est d'accuser des musulmans pour des crimes qu'ils n'ont pas perpétrés, des crimes auxquels l'immense majorité des musulmans est opposée», a mis en garde John Kerry.  nr-arp/fz/lpt