Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'exprimera devant le Congrès américain le 3 mars sur l'Iran et la menace de l'islam radical, au cours d'une visite révélatrice de la dégradation des relations avec la Maison-Blanche de Barack Obama.

M. Nétanyahou a accepté l'invitation du président républicain de la Chambre des représentants John Boehner à prendre la parole devant les deux chambres, ont indiqué ses services jeudi.

Il le fera le 3 mars, et non le 11 février comme M. Boehner le proposait à M. Nétanyahou dans l'invitation rendue publique mercredi, a écrit le président de la Chambre des représentants sur Twitter.

Cette nouvelle date permet à M. Nétanyahou de participer à la conférence annuelle de l'AIPAC, le puissant groupe d'intérêts américain pro-israélien qui se réunit du 1er au 3 mars à Washington, ont indiqué le gouvernement israélien et M. Boehner.

M. Nétanyahou a donc confirmé une visite qui a totalement pris de court la Maison-Blanche, informée de l'invitation faite au premier ministre israélien seulement peu de temps avant que M. Boehner ne l'annonce publiquement mercredi. Dans des termes rares indicatifs de l'état des relations entre MM. Nétanyahou et Obama, le porte-parole de ce dernier a évoqué un apparent «écart» par rapport au protocole.

Le moment choisi est particulièrement notable. M. Nétanyahou est invité en plein bras de fer entre Maison-Blanche et Congrès sur l'Iran. Une bonne partie des élus américains sont favorables à l'adoption préventive de sanctions contre l'Iran pour le contraindre à signer avec les grandes puissances et avant la date-butoir du 1er juillet un accord censé garantir que la République islamique ne se dotera pas de la bombe atomique sous couvert de nucléaire civil.

M. Obama a prévenu qu'il opposerait son veto à de nouvelles sanctions du Congrès.

Or Israël se considère comme la cible désignée d'un Iran armé de la bombe atomique et M. Nétanyahou est un grand pourfendeur du programme nucléaire que l'Iran proclame purement civil.

Le communiqué du gouvernement israélien n'évoque pas de rencontre de M. Nétanyahou avec M. Obama lors de sa visite.

«La semaine dernière encore, je parlais avec le président Obama des défis communs que représentent pour nous l'extrémisme islamiste, l'expansion du terrorisme et l'ambition iranienne de se procurer des armes nucléaires», dit M. Nétanyahou dans ce communiqué, se réjouissant de partager devant le Congrès ses vues sur «la manière d'agir ensemble face à ces menaces».

MM. Obama et Nétanyahou se sont parlé au téléphone le 12 janvier.

Ce sera la troisième fois que M. Nétanyahou s'adressera au Congrès, un honneur rarissime pour un dirigeant étranger.

Son déplacement soulève d'autant plus de questions qu'il aura lieu deux semaines avant des législatives anticipées à l'issue incertaine en Israël.

«L'accord passé ici se distingue de tout ce que nous avons vu auparavant», éditorialisait jeudi le quotidien israélien Yedioth Ahronoth, «le Parti républicain américain se mêle des élections ici et, en retour, un parti israélien se mêle de politique là-bas. Ils aident Nétanyahou à battre ses adversaires ici et lui les aide à humilier leurs rivaux. C'est dangereux. C'est toxique».

Obama ne rencontrera pas Nétanyahou

Le président américain Barack Obama ne rencontrera pas le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou lors du voyage de ce dernier aux États-Unis début mars, au cours duquel le dirigeant israélien doit évoquer l'Iran, a annoncé jeudi la Maison-Blanche.

«Le président ne rencontrera pas le premier ministre Nétanyahou en raison de la proximité des élections en Israël», qui auront lieu le 17 mars, a expliqué une porte-parole du Conseil de sécurité national, Bernadette Meehan.

Ne pas rencontrer les candidats à une élection quand ils sont en campagne est «un principe et une pratique de longue date», a-t-elle ajouté.

Le dirigeant israélien doit s'exprimer le 3 mars devant le Congrès américain, où des élus menacent de voter de nouvelles sanctions contre Téhéran, contre l'avis d'Obama et alors que l'Iran est en pleine négociation avec les grandes puissances sur son programme nucléaire controversé.

Cette visite a totalement pris de court la Maison-Blanche, informée de l'invitation faite par les républicains au premier ministre israélien peu de temps avant son annonce mercredi.

Dans des termes rares illustrant l'état des relations entre MM. Nétanyahou et Obama, le porte-parole de ce dernier a évoqué un apparent «écart» par rapport au protocole.

M. Obama et ses alliés craignent que ce déplacement soit l'occasion pour Israël et les républicains, qui contrôlent le Congrès, de rallier davantage d'opposants à un accord avec l'Iran, au risque de faire échouer les discussions en cours.

«Le président a été clair quant à son opposition à toute proposition du Congrès sur l'Iran qui saperait nos négociations et diviserait la communauté internationale», a souligné Mme Meehan.

Obama a dit qu'il opposerait son veto à toute proposition de loi imposant de nouvelles sanctions à Téhéran.

«Ajouter de nouveaux obstacles à ce stade critique des négociations (...) nuirait aux efforts que nous menons en ce moment décisif», avancent pour leur part les ministres allemand, français et britannique des Affaires étrangères et la chef de la diplomatie de l'UE dans une tribune publiée par le Washington Post.

L'Iran, qui assure que son programme nucléaire est de nature civile, cherche notamment à obtenir, en contrepartie d'un accord garantissant la nature pacifique de ce programme, la levée des sanctions économiques qui frappent durement son économie.

Le communiqué du gouvernement israélien jeudi confirmant la visite de M. Nétanyahou n'évoque pas non plus de rencontre avec M. Obama.

Le premier ministre israélien, qui parlera aussi de l'islam radical, devrait également participer à la conférence annuelle de l'AIPAC, le puissant groupe d'intérêts américain pro-israélien qui se réunit du 1er au 3 mars à Washington.

MM. Obama et Nétanyahou se sont parlé au téléphone le 12 janvier.

Ce sera la troisième fois que M. Nétanyahou s'adressera au Congrès, un honneur rarissime pour un dirigeant étranger.

Son déplacement aura lieu deux semaines avant des législatives anticipées en Israël, dont l'issue est incertaine.