Une poignée de manifestants ont exceptionnellement perturbé l'ouverture de l'audience de la Cour suprême des États-Unis mercredi, cinq ans après une décision controversée qui a ouvert toutes les vannes du financement politique aux entreprises.

Peu après que les neuf juges suprêmes eurent solennellement pris place dans la majestueuse salle d'audience, à Washington, les protestataires se sont, l'un après l'autre, levés de leur siège en criant, «je me lève pour la démocratie», «une personne, une voix», «l'argent n'est pas la parole», ou encore «renversez Citizens United», du nom de cette décision de 2010.

Très critiquée par le président Obama lui-même, cette décision permet aux entreprises de financer sans limites la campagne électorale d'un parti ou d'un candidat.

Le 21 janvier 2010, les cinq juges conservateurs de l'actuelle Cour avaient jugé inconstitutionnel de limiter les dépenses politiques des entreprises, associations et syndicats, qu'ils considèrent comme relevant de leur liberté d'expression. Les quatre juges progressistes, dont trois siègent toujours, avaient voté contre.

Le président Barack Obama a réaffirmé, dans un communiqué, que cette décision était «mauvaise» et avait «causé un grand tort à notre démocratie».

«A chaque nouvelle campagne, cet argent noir circule sur nos ondes avec toujours plus de spots publicitaires qui (...) font de notre politique une politique de caniveau», a déclaré le président démocrate, qui a toujours dit son mépris pour «Citizen United v. la commission fédérale des élections».

«Il est temps de renverser cette tendance», a poursuivi M. Obama. «Plutôt que de renforcer le pouvoir des lobbyistes et des intérêts particuliers, Washington doit faire entendre la voix des Américains ordinaires», a ajouté le président démocrate.

A la Cour suprême, les manifestants ont été, un à un, évacués de la salle d'audience, interpellés et menottés par la police du Capitole.

Sept d'entre eux sont poursuivis pour avoir «harangué, sermonné, ou proféré à haute voix un langage menaçant et agressif au sein de l'édifice de la Cour suprême», a précisé la porte-parole de la haute Cour, Kathy Arberg. Les huit sont accusés de «délits de conspiration en raison des perturbations créées dans la salle d'audience», a-t-elle ajouté.

Les juges n'ont pas fait de commentaires. Après quelques minutes, le président de la haute Cour, John Roberts, a repris le cours normal de l'audience, en annonçant les décisions du jour. «Nous allons maintenant poursuivre la tradition d'audience ouverte à la Cour suprême», a-t-il dit.

Des rangs sont réservés au public qui doit faire la queue devant l'édifice avant chaque jour d'audience, mais les places sont limitées et certains sujets attirent la foule.