Renforcement des contrôles aux aéroports, surveillance des mosquées, multiplication des policiers infiltrés... Les États-Unis sont sur les dents après les attentats de Paris face à la menace grandissante des «loups solitaires» ou de petites cellules téléguidées par les organisations extrémistes.

Mercredi, le FBI annonçait l'arrestation d'un jeune Américain de l'Ohio accusé d'avoir projeté un attentat contre le Capitole qui abrite le Congrès américain à Washington. Un policier sous couverture avait réuni des preuves de son soutien, de vive voix et sur internet, au «jihad violent, ainsi qu'aux attaques violentes commises par d'autres en Amérique du Nord et ailleurs».

Le même jour, un jihadiste américain «en puissance» écopait de vingt ans de prison en Floride pour tentative de soutien à Al-Qaïda.

Signe de la sévérité de la justice américaine: de nouvelles charges étaient infligées jeudi aux frères Qazi, des Américains arrêtés en 2012 pour avoir voulu faire exploser une bombe à New York.

Le directeur du FBI James Comey parlait récemment de «métastase» de la menace terroriste depuis le 11-Septembre. Les experts ont bien observé une montée en puissance en Occident des «loups solitaires» et autres petites cellules jihadistes du type de celle des frères Kouachi et d'Amédy Coulibaly, auteurs des attentats de Paris.

Dans les deux cas - individu seul ou cellule, ce sont des musulmans locaux inspirés, voire préparés par les jihadistes d'Al-Qaïda ou de l'organisation Etat islamique, qui décident de faire leur propre bombe artisanale ou fomentent une attaque avec le soutien d'une organisation terroriste.

La menace est «presque indétectable» et les attaques «extraordinairement difficiles à empêcher», explique à l'AFP l'analyste Max Abrahms, qui s'attend à «voir de plus en plus d'opérations infiltrées» par le FBI, du type de celle de l'Ohio, pour tenter de déjouer un acte terroriste.

L'AQPA donne la «frousse»

En outre, l'attaque contre le journal satirique français Charlie Hebdo a été revendiquée par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).

La branche yéménite de l'organisation terroriste, «particulièrement inquiétante pour les États-Unis, fait beaucoup de bruit en ce moment et, bien naturellement, cela donne la frousse aux responsables de la sécurité américaine», ajoute le professeur à la Northeastern University.

«C'est tout à fait normal, particulièrement parce que l'attaque était liée à l'AQPA, que les États-Unis accroissent leur propre sécurité», estime cet expert en terrorisme.

Dans la foulée des attentats de Paris, qui ont fait 17 morts, le ministre américain de l'Intérieur Jeh Johnson a annoncé le renforcement des mesures de sécurité et de surveillance aux abords des édifices gouvernementaux et dans les aéroports.

«L'heure est à une vigilance accrue», a-t-il dit en annonçant aussi des efforts de sensibilisation des communautés religieuses et ethniques à travers les États-Unis.

«La menace terroriste persistante» pesant sur le pays a été rappelée à tous les services américains du renseignement et de police lors d'une téléconférence du FBI et du ministère de l'Intérieur mercredi.

«Une vigilance continue, le partage d'informations et la coordination à tous les niveaux sont la clé d'une prévention efficace» contre une attaque, selon un communiqué du FBI diffusé après la téléconférence.

De plus, deux enquêtes parlementaires se pencheront sur le terrorisme venu de l'intérieur.

Le président républicain de la commission de la Sécurité intérieure de la Chambre des représentants, Michael McCaul, l'a annoncé: il s'agira de déterminer comment le gouvernement américain lutte contre ces menaces «domestiques» et se prémunit contre des «failles dans nos systèmes de défense afin de tenir les terroristes à l'écart des États-Unis».

«Ces terroristes sont déterminés à attaquer notre pays et tentent de convaincre des Américains de se radicaliser, de souscrire à leur vision du monde retorse et de perpétrer des actes de violence», a-t-il souligné.