La Chambre des représentants des États-Unis a défié Barack Obama mercredi en adoptant des mesures visant à empêcher la régularisation de millions de sans-papiers annoncée en novembre par le président, mais le texte ne devrait pas survivre en l'état.

Les représentants ont adopté par 236 voix contre 191 une loi finançant à hauteur de 39,7 milliards de dollars le département de la Sécurité intérieure jusqu'au 30 septembre 2015, la fin de l'exercice 2015.

Mais ils ont aussi approuvé un amendement empêchant l'application du plan annoncé le 20 novembre dernier par Barack Obama, et qui prévoit d'accorder des permis de travail de trois ans à plusieurs millions de sans-papiers.

Un autre amendement mettrait fin au programme créé en 2012 par décret pour donner des papiers provisoires à des jeunes sans-papiers, et un autre vise à rendre explicitement prioritaire l'expulsion de certaines catégories de clandestins délinquants.

«Les présidents n'ont pas le droit de réécrire les lois, en aucun cas», a dit Kevin McCarthy, chef de la majorité républicaine.

Environ 11,3 millions de clandestins vivaient aux États-Unis en mars 2013, selon l'estimation du Pew Research Center.

Le dernier programme de régularisations générales aux États-Unis date de 1986. Depuis, toutes les tentatives de grande réforme des lois migratoires ont échoué, tout dernièrement en 2013 face à l'opposition des républicains et notamment des conservateurs du Tea Party.

Démocrates, syndicats, associations déplorent depuis plusieurs années l'obstruction républicaine.

La Maison-Blanche a promis un veto présidentiel, et la loi de finances ainsi amendée n'a aucune chance d'être approuvée par le Sénat, où les démocrates disposent d'une minorité de blocage.

«Cette loi vaine et politique adoptée par la Chambre ne passera jamais le Sénat», a promis le chef des démocrates du Sénat, Harry Reid.

La directrice des affaires intérieures de la Maison-Blanche, Cecilia Muñoz, a quant à elle dénoncé le «théâtre politique» des républicains, et assuré qu'ils échoueraient.

«In fine, nous sommes certains que nous appliquerons ces décrets», a-t-elle assuré à des journalistes lors d'une conférence téléphonique.

Le Congrès a jusqu'au 27 février pour s'entendre: au-delà, le département de la Sécurité intérieure (protection des frontières, immigration et douanes, garde-côtes, situations d'urgence, le Secret Service chargé de protéger le président et les personnalités...) ne sera plus financé et sera forcé de mettre une partie de ses fonctionnaires en arrêt, un «shutdown» partiel et  dont l'administration ne détaille pas l'ampleur potentielle.

Les démocrates arguent que les républicains mettent le pays en danger, et ont utilisé l'exemple des attentats de Paris la semaine dernière pour dénoncer la tactique républicaine.

«La Sécurité intérieure est la dernière chose qui devrait être soumise à des compromis politiques. Surtout après les attentats en France, surtout après le 11-Septembre», a dit le démocrate Steve Israel.