Mario Cuomo, populaire gouverneur de l'État de New York à trois reprises mais qui n'a jamais osé se lancer dans la présidentielle américaine, est décédé jeudi à l'âge de 82 ans, a confirmé le bureau de l'actuel gouverneur, son fils Andrew.

Il est décédé de problèmes cardiaques chez lui, entouré des siens.

Né en juin 1932, fils d'immigrants italiens, Mario Matthew Cuomo est devenu la voix de toute une génération de «démocrates libéraux» pendant ses trois mandats de gouverneur, de 1983 à 1994.

Andrew Cuomo amorçait jeudi son deuxième mandat à titre de gouverneur de l'État, au moment même où son père mourait.

Excellent tribun, M. Cuomo était célèbre pour la façon dont il militait pour plus de justice sociale en rappelant sa propre ascension comme fils d'un modeste épicier italien du Queens. Il pouvait par ailleurs passer de la politique fiscale la plus ennuyeuse à la philosophie de Pierre Teilhard de Chardin.

Paradoxalement, il s'est aussi rendu célèbre pour les campagnes présidentielles dans lesquelles, contre toute attente, il ne s'est finalement pas lancé en 1988 et 1992. Mario Cuomo a tellement hésité à «être ou ne pas être» candidat démocrate dans la course à la Maison-Blanche qu'on l'avait qualifié d'«Hamlet de l'Hudson River».

En 1991, sur le tarmac de l'aéroport d'Albany, la capitale de l'État, M. Cuomo avait quitté au dernier instant l'avion qui devait l'emmener au New Hampshire pour annoncer sa candidature. Il laissait alors la porte grande ouverte à un gouverneur beaucoup moins connu, un certain Bill Clinton, de l'Arkansas.

À titre de gouverneur, M. Cuomo a sans relâche opposé son veto à des projets de loi qui auraient rétabli la peine de mort dans l'État de New York, et il a fermé la centrale nucléaire Shoreham, sur Long Island. Pendant ses trois mandats, le budget de l'État est passé de 28 à 62 milliards $ US.

En 1994, les électeurs lui ont préféré le républicain George Pataki, qui avait promis des baisses de taxes et le rétablissement de la peine de mort.

Il avait aussi été candidat malheureux à la mairie de New York en 1977, contre Ed Koch.

M. Cuomo avait été vu pour la dernière fois en public en novembre dernier, lors de la réélection de son fils Andrew au poste qu'il avait lui-même occupé trois fois. Le patriarche, d'allure frêle, et son fils avaient alors levé les bras ensemble, en signe de victoire, lors de la soirée électorale, mais il n'a pas assisté au discours d'Andrew, jeudi.

«Il est dans le coeur et l'esprit de tous ceux qui sont réunis ici aujourd'hui», a dit Andrew Cuomo, jeudi. «Il est ici, et là aussi, et son ascendant, son legs et son expérience ont mené cet État là où il est aujourd'hui. Alors, offrons-lui une bonne main d'applaudissements.»