À l'approche de 2015, le président des États-Unis voit sa cote de popularité remonter. Selon un sondage CNN/ORC publié l'avant-veille de Noël, 48% des Américains approuvent sa performance à la Maison-Blanche, un sommet depuis mai 2013.

Son parti a subi en novembre une raclée électorale dont de nombreux commentateurs, stratèges et politiciens lui ont attribué la responsabilité.

Sa présidence est entrée dans une phase où un certain volatile blessé - le «canard boiteux», pour ne pas le nommer - sert de métaphore à ce qui lui reste de pouvoir et de prestige.

Et pourtant, Barack Obama finit l'année 2014 en bien meilleure position qu'il ne l'a commencée. Selon un sondage CNN/ORC publié l'avant-veille de Noël, 48% des Américains approuvent sa performance à la Maison-Blanche, un sommet depuis mai 2013.

Ce baromètre laisse croire que le président commence à tirer un certain profit politique de ce qu'il a appelé la «résurgence» de l'économie américaine lors de sa dernière conférence de presse de l'année. Pour la première fois depuis sept ans, une majorité d'Américains (51%) ont une perception positive de l'économie de leur pays, alors qu'ils n'étaient que 38% à partager cette perception en octobre dernier.

Le jour même où CNN a publié son sondage, le département du Commerce a annoncé que le produit intérieur brut américain avait crû de 5% en rythme annuel lors du troisième trimestre, preuve d'une franche accélération de l'économie. Une bonne nouvelle à ajouter aux derniers chiffres de l'emploi - création de 321 000 postes en novembre accompagnée d'un taux de chômage à 5,8% et d'une progression modérée des salaires.

Tout ça dans un pays où les prix de l'essence à la pompe sont passés sous la barre des 3$ le galon.

Plusieurs changements

Mais se peut-il que Barack Obama tire aussi un certain profit politique de ses décisions récentes qui ont tranché avec les hésitations, blocages et reculades de sa présidence? Sur le climat, il a conclu un accord sans précédent avec son homologue chinois, fixant aux deux plus gros pollueurs de la planète de nouveaux engagements pour lutter contre le réchauffement climatique.

Sur l'immigration, il a annoncé une série de décrets destinés à régulariser la situation de près de 5 millions de clandestins, sur les quelque 11,3 millions vivant actuellement sur le territoire américain. Et sur le plan diplomatique, il a amorcé un rapprochement historique avec Cuba après plus de 50 ans d'hostilités.

Chacune de ces décisions a suscité une levée de boucliers chez les républicains, qui ont promis de s'opposer à leur mise en oeuvre. Mais ils défendent une position minoritaire dans le cas de Cuba, s'il faut se fier à un sondage ABC News/Washington Poll. Pas moins de 64% des répondants approuvent le rétablissement des relations diplomatiques avec La Havane et 68% souhaitent la levée de l'embargo commercial contre l'île communiste.

Les Américains sont plus divisés sur la façon dont Barack Obama s'y est pris pour ouvrir la voie à la régularisation du statut de millions de clandestins (ils préféreraient une loi adoptée par le Congrès plutôt que des décrets présidentiels). Mais ils sont en faveur de cette régularisation, qui a notamment contribué à doper de 15% la cote de popularité du président chez les Latinos.

Barack Obama s'était abstenu d'annoncer certaines de ces décisions avant les élections de mi-mandat, cédant aux pressions des dirigeants démocrates du Congrès qui les croyaient nuisibles à leurs candidats. Depuis la défaite de novembre, le président donne l'impression d'être un homme libéré de ce type de calculs.

Mais pourra-t-il continuer en 2015 à surprendre à la fois ses adversaires et ses partisans? Pourra-t-il défier son destin de «canard boiteux» face à un Congrès où les républicains ne seront pas seulement majoritaires à la Chambre des représentants, mais également au Sénat?

Préserver son héritage

Le président démocrate pourra donner un aperçu de ses intentions dans le dossier de l'oléoduc Keystone XL. Lors de sa dernière conférence de presse de l'année, il a de nouveau dénigré le projet que les républicains du Congrès veulent ramener à l'ordre du jour en janvier. Il existe toujours une possibilité qu'il mette son veto à un projet de loi autorisant la construction du pipeline.

Dans ses deux dernières années à la Maison-Blanche, Barack Obama voudrait non seulement préserver son héritage, dont ses réformes de la santé et de la finance menacées par les républicains, mais également ajouter à son bilan, notamment en fermant la prison de Guantánamo, une de ses plus importantes promesses irréalisées.

Et il ne détesterait pas non plus bloquer certaines priorités des républicains, histoire de leur rendre la monnaie de leur pièce.

«Ma présidence entre dans le dernier quart», a déclaré Barack Obama lors de sa dernière conférence de presse de 2014, en faisant référence aux tranches d'un match de football américain. «Des choses intéressantes se produisent dans le dernier quart», a-t-il ajouté avant de partir en vacances pour Hawaii.

Pour ce faire, il faudra cependant que le président américain revienne de son île natale aussi libéré qu'à son arrivée.