Depuis plusieurs années, l'establishment républicain voit en lui le chevalier blanc qui leur permettra de reprendre la Maison-Blanche.

Mais les militants du parti, dont plusieurs s'opposent avec ferveur à certaines de ses idées, voudront-ils de lui? Et le reste de l'électorat acceptera-t-il de perpétuer une dynastie politique dont l'héritage continue à susciter la polémique?

De toute évidence, John Ellis (Jeb) Bush, 61 ans, souhaite connaître la réponse à ces questions. À plus d'un an du début des primaires présidentielles de 2016, le fils du 41e président et le frère du 43e a annoncé hier sur sa page Facebook sa décision «d'explorer activement la possibilité d'être candidat à la présidence des États-Unis».

Il a en outre fait part de son intention de créer, au début de l'année prochaine, un comité d'action politique (PAC) qui l'aidera à communiquer avec les Américains «afin de discuter des défis les plus cruciaux auxquels fait face [leur] pays exceptionnel».

Sauf exception, les prétendants à la présidence passent tous par des préliminaires semblables avant d'annoncer leur candidature de façon formelle.

Plusieurs autres républicains ont manifesté leurs ambitions présidentielles de manière plus ou moins explicite au cours des derniers mois. Figurent parmi eux les sénateurs Rand Paul (Kentucky), Marco Rubio (Floride) et Ted Cruz (Texas), de même que les gouverneurs Chris Christie (New Jersey) et Rick Perry (Texas).

Une longueur d'avance

Mais aucun d'entre eux ne fait saliver l'establishment républicain autant que Jeb Bush. Celui-ci n'a pas seulement réussi à se faire élire deux fois au poste de gouverneur de la Floride, un État-clé dans une course à la présidence, mais il a également montré un tempérament susceptible de plaire aux électeurs modérés ou indépendants.

Les militants, élus et commentateurs les plus conservateurs ne se reconnaissent cependant pas tous dans cet homme qui a déjà accusé le Tea Party d'intransigeance.

«Si nous choisissons un autre candidat dans le même moule [que Bob Dole, John McCain et Mitt Romney], les électeurs qui sont restés à la maison en 2008 et en 2012 resteront à la maison en 2016», a déclaré le sénateur Cruz, héros du Tea Party, hier.

La commentatrice Michelle Malkin a également réagi de façon hostile à l'annonce de Jeb Bush, comme le démontre l'un de ses gazouillis: «#stopjebbush #stopcommoncore #NOamnesty».

L'expression «Common Core» fait référence à une nouvelle méthodologie nationale d'enseignement de l'anglais et des mathématiques dont Jeb Bush se fait l'apôtre et contre laquelle de nombreux tenants de la droite luttent bec et ongles. Et le «pas d'amnistie» est le cri de ralliement des conservateurs qui s'opposent à toute régularisation d'émigrés clandestins, contrairement à Jeb Bush.

Un duel Bush-Clinton

La candidature présidentielle de Jeb Bush ouvrirait évidemment la porte à un affrontement historique avec une autre figure politique dont le nom de famille est bien connu, en l'occurrence Hillary Clinton. Celle-ci verrait d'ailleurs d'un bon oeil la nomination d'un autre Bush comme candidat présidentiel. Cela lui éviterait d'être accusée par les républicains d'appartenir au passé.

En attendant, des républicains ont déjà commencé à utiliser cet argument contre Jeb Bush.

«Je ne pense pas que nous ayons besoin d'un autre Bush. Point à la ligne», a déclaré le sénateur de l'Oklahoma Tom Coburn.