La CIA a déclassifié une lettre jeudi dans laquelle l'actuel patron de l'agence de renseignement John Brennan explique que les espions américains étaient hautement sceptiques concernant l'une des raisons avancées par l'administration Bush pour envahir l'Irak en 2003.

Pour justifier, du moins en partie, l'invasion de l'Irak, le vice-président américain de l'époque Dick Cheney expliquait que Mohammed Atta, chef du commando du 11-septembre, avait eu un entretien avec un espion irakien à Prague avant les attentats.

Washington avait abondamment mis cette prétendue rencontre en avant pour établir un lien entre le dictateur irakien Saddam Hussein et les attaques de 2001, et donc justifier son renversement.

Mais dans une lettre envoyée en mars de cette année au sénateur démocrate Carl Levin, et dont la CIA vient d'autoriser la diffusion, le directeur de l'agence John Brennan explique que les agents déployés sur le terrain avaient fait part de «leur profonde inquiétude» quant aux déclarations de Dick Cheney.

Les espions américains n'avaient, selon M. Brennan, en aucun cas établi que Mohammed Atta se trouvait bien à Prague au moment où il était censé avoir rencontré l'agent irakien.

L'existence de la lettre de M. Brennan, nommé en 2013, a d'abord été révélée par le groupe de presse McClatchy.

Jeudi, le sénateur Levin a indiqué qu'il avait demandé à la CIA de déclassifier le document pour montrer comment l'administration du président George W. Bush avait «trompé» les Américains avant l'invasion de l'Irak.

«La prétendue réunion (de Prague) était au centre de la campagne de l'administration destinée à donner l'impression à l'opinion publique que Saddam (Hussein) s'était allié aux terroristes d'Al-Qaïda qui nous ont attaqués le 11-septembre», a déclaré M. Levin dans un discours au Sénat.