George W. Bush, alors président américain, a été informé en avril 2006, soit au bout de quatre ans, que des détenus avaient subi des tortures dans des prisons secrètes de la CIA, révèle le rapport du Sénat publié mardi.

L'ancien président républicain avait «exprimé son embarras» en découvrant «l'image d'un détenu, enchaîné au plafond, portant une couche-culotte et contraint de faire ses besoins sur lui», peut-on lire à la page 40 du rapport de la commission sénatoriale du renseignement.

D'après ce document, la CIA a informé George W. Bush pour la première fois le 8 avril 2006 de l'emploi de techniques d'interrogatoire plus poussées (EIT) dans des «sites noirs», où 119 détenus ont été capturés et emprisonnés dans d'autres pays jamais identifiés.

Certains des hommes qui subissaient ces techniques, comme Abou Zoubeida ou Abd al-Nachiri, y étaient soumis depuis 2002 et étaient sur le point d'être transférés dans la prison de Guantanamo --où ils sont toujours-- lorsque M. Bush a été informé, selon le rapport, qui se fonde sur des archives de la CIA.

Dans le bureau ovale, le 8 avril 2006, le directeur de la CIA d'alors, Porter Goss, lui a exposé les sept techniques EIT et lui a montré au moins une image d'un détenu qui y était soumis. Le président Bush avait «exprimé son embarras», précise le rapport.

Dans d'insoutenables détails, le rapport décrit comment les détenus ont été attachés pendant des jours dans le noir, projetés contre les murs, plongés dans des bains glacés, privés de sommeil pendant une semaine, frappés, psychologiquement harcelés. Un détenu a été menacé d'une perceuse. Au moins cinq ont subi des «réhydratations rectales» forcées et, dans un cas, de la nourriture a été administrée par voie rectale.